Sida Ce que le pape Benoît XVI sait très

Edito du 2 avril 2009

Sida

Ce que le pape Benoît XVI sait très bien…

 

 

     Si l’Église catholique n’existait pas, le Sida ferait des ravages infiniment plus graves en Afrique. Pour bien des raisons :

 

1.    Le Saint Père sait bien que des milliers de religieux et religieuses vivent à temps plein, sans compter ni les heures ni la fatigue, parmi les malades du Sida. Qui les sert et les aime ? Qui les accueille dans des centres ? Qui paye pour leurs soins ? Allons plus loin, qui leur donne gratuitement des préservatifs de bonne qualité, s’ils ne peuvent se passer de rencontres sexuelles à risques ? On peut ne pas aimer les distribuer, il le faut bien pour que des porteurs de virus ne risquent pas de donner la mort. A ce propos, je ne suis pas à la veille d’oublier ce que j’ai vécu au Nord Togo lors d’un baptême d’adultes malades du Sida, baptême que l’évêque local m’avait demandé de célébrer. Il s’appelait François, il avait été officier dans l’armée togolaise. Juste avant son baptême, il s’est tourné vers l’assemblée pour dire humblement mais tout fort : « Je demande pardon à toutes les personnes à qui j’ai donné la mort… »

 

2.   J’ai souvent vu, le long des routes africaines, de grands panneaux sur lesquels on pouvait lire : « Sida ? » avec à côté en grosses lettres trois mots : « ABSTINENCE, FIDÉLITÉ, PRÉSERVATIFS ». Je n’ai jamais vu de tels panneaux le long de nos routes. Et pour cause : en France, on ne supporte plus que les deux premiers – abstinence et fidélité – puissent encore être dits ! J’en veux pour signe cette émission d’un Sidaction d’il y a quelques années : l’abbé Pierre était l’un des invités ; il a osé les dire et la salle l’a sifflé. Depuis, j’ai souvent pensé que les africains avaient beaucoup à nous ré-apprendre ce que nous avons trop vite oublié. Monseigneur Dubost a bien raison de dire : « Vouloir lutter contre le Sida avec le seul préservatif, c'est aussi intelligent que penser éradiquer les accidents de moto en faisant campagne pour le port du casque ». Cela encore, le pape le sait.

 

3.    Enfin, parlons chiffres : l’engagement financier de l’Église dans la lutte contre le Sida est largement méconnu : « Parmi les institutions dans le monde qui s'occupent des personnes ainsi atteintes, l'Église est le plus important prestataire privé de soins aux malades du sida (44% sont des institutions d'État, 26,70% sont des institutions catholiques, 18,30% sont des ONG et 11% d'autres religions). »

Cela aussi, le Saint Père doit le savoir.

Que nous le sachions devrait nous rendre plutôt fiers de notre Église.

 

     Encore faut-il être bien informés et ne pas se laisser manipuler trop vite.

 

 

X François GARNIER

Archevêque de Cambrai

Article publié par Secrétariat DIOCESAIN • Publié le Jeudi 02 avril 2009 • 4352 visites

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