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CHRONIQUE DU PERE O. PLICHON

Le Père O. Plichon, que vous connaissez peut être nous propose une chronique sous forme de réflexion sur le thème de l'Art Sacré... EN VOICI LE PREMIER VOLET...

 

CHRONIQUE DU PERE O. PLICHON

 

Le Père O. Plichon nous propose une chronique

sous forme de réflexion sur le thème de l'Art Sacré...

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Pour une première réflexion (chronique 1)

 

ART SACRÉ… QU’EST-CE À DIRE ?

Voilà deux mots qui résonnent immédiatement avec une consonance chrétienne… Et pourtant, ils concernent bien d’autres religions que la nôtre, même si le christianisme l’a certainement porté à son apogée.  Pour d’autres, ils vont rappeler une célèbre revue du début du XXème siècle, fondée par le Père COUTURIER, dominicain, qui fut un des chantres du renouveau de l’art sacré en invitant de nouveaux artistes, chrétiens ou non, à participer de leurs œuvres.

Cependant, pour éviter toute erreur, il semble d’abord intéressant de se pencher quelque peu sur les mots… Bien sûr, les précisions que je vais apporter n’engagent que moi !

Définir l’art, voilà bien une œuvre difficile, tant les angles d’attaque peuvent être nombreux : esthétique, philosophie, théologie, etc.

Bornons-nous à deux petites maximes :

  • « Une œuvre peut être qualifiée d’artistique si elle rend visible une part de l’invisible »
  • et « L’œuvre d’art crée en moi un émoi » (première étape de cette école philosophique nommée la phénoménologie.

 

Quant à la notion de « sacré », là aussi, les propositions ne manquent pas !

Parlons, pour l’instant, simplement du sacré comme :
  • ce qui s’oppose au profane (profane veut étymologiquement dire « ce qui est devant le sacré » comme l’espace public qui se trouvait devant les temples grecs consacrés aux divinités).
  • Pensons aussi à cette présentation courante lors de la renaissance entre l’amour sacré et l’amour profane.

Nous pourrions donc facilement imaginer qu’il n’existe d’art que sacré, puisque l’invisible semble être du domaine du divin. C’est vrai, mais quelque peu limité.

Ainsi, l’amour fait bien partie de l’invisible (nous ne pouvons que l’expérimenter, et non le démontrer) mais il n’est pas automatiquement de l’ordre du divin, même s’il y prend sa source. De plus, peut-on dire que tout œuvre d’art qui ne soit pas un sujet religieux, et donc ne rende pas visible l’invisible, n’est donc pas artistiquement valable car non sacrée ?

On le voit bien, les notions sont parfois bien ardues à manier… Peut-être serait-il plus juste d’aborder ces deux termes dans une vision hiérarchique, c’est-à-dire qui met dans un ordre sacré ?

 

 

Ainsi, l’art fait partie des médiations qui me permettent tant d’exprimer mes sentiments, mes émois, mes idées, que de m’approcher du divin en les contemplant.

L’homme n’est-il pas fait « à l’image de Dieu », à sa ressemblance (Gn 1, 26) ? Ainsi, l’art retrouve son sens étymologique (ce qui est fabriqué) et peut à la fois être profane (ce qui rend présent des émois ou des idées humaines) qu’orienté vers le divin. Les deux notions s’accordent sans s’opposer, mais sans être exclusives, non plus, l’une de l’autre.

Malgré tout, l’association de ces deux termes peut une nouvelle fois sembler restrictive.

 

Il faudrait introduire une échelle dans les arts.

On pourrait ainsi parler de :
1.    L’art profane – ce qui exprime mes idées, sentiments et émois humains sur moi-même, ce que je vis et ce qui m’entoure ;


2.    L’art religieux – ce qui exprime la dimension communautaire des croyants (religieux vient de religiere, ce qui relit) ou de ce qu’il croit ;


3.    L’art sacré – ce qui exprime un aspect de Dieu, une notion du divin, une représentation de Dieu, de ses œuvres, de notre histoire croyante ;


4.    L’art liturgique – ce qui rend véritablement présent Dieu.


Ainsi, il ne me semble exister qu’un unique art « divin », celui qu’exprime la liturgie (ce qui traduit le terme grec d’œuvre publique) qui rend présent le Seigneur.


Le tout sera donc de penser « l’art sacré » prioritairement dans sa dimension liturgique.

La liturgie étant en effet cette mise en présence de Dieu, cette révélation de l’invisible, cette poïétique de la foi. Ce mot « poïétique » vient d’un verbe grec que l’on pourrait traduire par « rendre présent, fabriquer ». Il nous a donné le mot poésie, ce qui rend présent des sentiments.

 

Toute liturgie, tout art, se doit d’être poïétique.


Dans une prochaine rubrique, nous verrons comment peuvent ainsi s’associer l’art, la Bible et la liturgie.

 

 

P. O. PLICHON

Illustration : Mobilier Liturgique / artiste : Arcabas / Cathédrale de St Malo.

Sources :

http://www.arcabas.com/oeuvres/index.php?zoom=1&num=10088&cat=10067&type_oeuvre=monumentales

 

Article publié par Rémi Sprit • Publié le Vendredi 08 octobre 2010 • 5398 visites

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