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15 DES LOGEMENTS POUR LES ETRANGERS

De nouvelles constructions

 

 

Au sortir de la tourmente, la France est exsangue sur le plan humain. Les hécatombes ont fauché les hommes jeunes, les plus aptes à assurer le redressement économique. Alors le pays va faire appel à de la main d’œuvre étrangère, en particulier polonaise. Elle passe des accords avec la nouvelle République de Pologne. A partir de 1921 et les années suivantes, des milliers de ressortissants sont ainsi accueillis dans les Mines.

Certains arrivent directement après recrutement et contrat. Beaucoup, en provenance  des Charbonnages de la Ruhr, débarquent avec leurs familles, leurs associations, leurs aumôniers, leur journal, en un mot, leurs coutumes. Les Compagnies voient dans la formule des avantages certains, car elle leur permet d’ignorer le problème de formation, puisqu’il s’agit de mineurs confirmés et courageux. Au début, seule la barrière de la langue  s’avère être un obstacle. Il sera franchi par les générations suivantes.

Moins importante et plus concentrée sont l’arrivée et la présence d’une colonie d’Italiens.

 

De nouvelles constructions

 

Pour loger les nouveaux arrivants, les cités existantes s’avèrent insuffisantes. Partout les programmes de constructions, interrompus au début de la guerre, sont repris. D’autres sont engagés.  Le bassin, dans l’environnement des fosses, se constelle de concentrations minières importantes. Elles se juxtaposent aux précédentes : Tilleuls et Maroc à Fenain, Aremberg à Wallers, Chauffour et Rond-Point à Somain/Abscon, N Dame la Clochette à Waziers. Sont construites sur des sites  nouveaux : la Croix de Pierre à Dechy, Sin-Sucrerie à Sin-le-Noble, Vuillemin à Masny.  Chaque ouverture de siège donne lieu désormais à la construction d’un hameau : Heurteau à Hornaing pour Anzin, Lemay à Pecquencourt, Barrois à Montigny pour Aniche, et bien d’autres encore sur les deux arrondissements.  Cité de la Clochette Waziers 1926 Cité de la Clochette Waziers 1926  

Cité de la clochette Waziers 1926

 

Le progrès dans l’habitat se développe. L’architecture et la conception des pavillons se modernisent, s’ouvrant sur des types nouveaux. Les allées rectilignes sont délaissées, au profit de chemins en courbe, ce qui donne à l’ensemble un aspect plus aéré, moins uniforme. Les premières cités-jardins apparaissent.

Ces concentrations renforcent la vie en autarcie de ses habitants. On voit même, au sein d’une cité, des quartiers réservés à une nationalité : la Cité des Polonais, Varsovie…

 

Un accompagnement social et religieux

 

De plus en plus conscientes d’apporter à leur personnel le maximum de facilités, les Compagnies développent l’aspect social en tous domaines.

A partir de 1924, elles ouvrent des établissements scolaires libres, garçons et filles : Fenain-Tilleuls et  Rond-Point, Wallers-Aremberg, Raismes-Vicoigne, de Sessevalle-Somain, la Clochette-Waziers, etc… La mixité totale n’est pas reconnue sauf pour de petits établissements : Blanc-Cul-Masny. 

 

Photographie prise lors des embauches des hommes o Photographie prise lors des embauches des hommes o  

Photographie prise lors des embauches ders hommes ou des femmes, avec sur chaque ardoise le nom et prénom, la date d'engagement et la fosse d'affectation.On peut remarquer des noms polonais et un italien

 

Les enfants de mineurs y sont admis en scolarité gratuite pour l’enseignement et les fournitures. Les instituteurs sont des employés de la Compagnie, au titre du Service Social. Sur demande expresse des ressortissants,  des cours en polonais sont dispensés pendant deux jours de la semaine, dans les différents degrés de l’enseignement par un instituteur polonais agréé. Il y aura même des cours d’Italien le jeudi matin.

 Le côté spirituel n’est pas absent. Des églises sont construites, souvent plus spacieuses que les édifices communaux.: N Dame des Mineurs à Waziers, St Charles à Montigny Aremberg etc… Le prêtre desservant est rétribué par la Compagnie qui assure l’entretien complet des édifices et salles d’œuvre. Tous les ans, une cérémonie réunit la cité pour une messe,  à l’occasion de la Ste Barbe, patronne des mineurs. Des aumôniers sont présents sur les sites, en lien  avec la Mission polonaise en France

 

Des logements pour les étrangers

 

De 1919 à 1930, environ 200 000 polonais arrivent dans le Nord Pas-de-Calais. Au départ, quatre communes minières voient s’installer les ouvriers accompagnés de leur famille, et progressivement, ils sont logés dans les cités minières. Là, ils recréent un univers de « Petites Polognes » : ils ouvrent des commerces et transfèrent en France des aumôniers et deux grands quotidiens fondés dans la Rhur, Warius Polski et Narodowiec. Parallèlement naissent une multitude d’associations sportives, religieuses ou musicales.

L’histoire de toutes ces Gueules Noires se retrouve dans deux publications du Centre Historique Minier, Ahmed, Wladislaw, Dario… dans les mines du Nord Pas-de-Calais et Tous gueules noires.

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Article publié par Michel Dussart • Publié le Mercredi 18 juillet 2007 - 11h53 • 10603 visites

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