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25 LA FIN D'UN EMPIRE

 24 LA FIN D’UN EMPIRE

 

 

 

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La fin de la décennie 1980 et le début des années 1990 marque, une fois pour toutes, la conclusion que tous redoutaient sans en prendre vraiment conscience. L’habitude était tellement ancrée de vivre à l’ombre des chevalets.
Dans le Valenciennois, le siège Ledoux à Condé remonte sa dernière «gaillette », le 30 décembre 1988. L’année suivante, le 24 mars 1989, le puits moderne du site d’Aremberg à Wallers, met officiellement un terme définitif à la production du charbon, amorcée deux cent soixante-dix ans auparavant, dans la région. La dernière «berline » donne lieu à une cérémonie qui rassemble les élus régionaux et la Presse. Avec elle, le rideau tombe sur la vaillante épopée des mineurs dans le Hainaut français
La fermeture entraîne l’arrêt de l’Usine à boulet Rousseau de Bruay-Thiers. Dans les derniers jours, elle était approvisionnée par la seule Unité d’Aremberg. Elle ferme ses portes le 20 décembre de la même année. Seule la Centrale d’Hornaing, la plus puissante du bassin, reste sur l‘ancien site d’Heurteau, alimentée par les résidus de charbon, présents sur les terrils. Eux aussi, fiers témoins d’une activité qui faisait la particularité du terroir, disparaissent de l’horizon. L’unique tranche de 250.000 kw continue à fonctionner avant de passer sous le contrôle des HBL (Houillères du Bassin de Lorraine).
L’arrêt dans le Douaisis est antérieur. Le complexe moderne de Barrois, le seul encore en service, ferme ses portes à la production, le 30 juin 1984. Ne subsiste comme activités que celles du lavoir, qui traite les schistes des terrils, pour les envoyer à la Centrale d’Hornaing. Le camion remplace la voie ferrée quand le démontage de cette dernière est réalisé en 1987, pour raison de rentabilité. Le lavoir cesse définitivement ses traitements, en décembre 1988. 
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                                                                                                                                                      Une fosse de la région aura l’honneur de remonter la dernière berline de charbon dans le département du Nord,.. C’est le n° 9 de l’Escarpelle à Roost-Warendin.
Le 26 octobre 1990 à 11 heures marque, à tout jamais, la fin d’un «empire » La cérémonie est empreinte de beaucoup d’émotion et de tristesse et de regrets quand les derniers ouvriers, au visage tout noir de charbon, devant toutes les autorités officielles et professionnelles, apparaissent au jour avec la dernière «gaillette ».
Une époque, ô combien intense, a vécu.
Aussitôt l’arrêt d’un siège, des dispositions sont prises, sur tous les sites, pour démolir les installations. Remblayer les puits, abattre les chevalets, faire disparaître à jamais les traces d’une vie de labeur, au service du pays, sont des impératifs. Il faut pouvoir en toute sécurité, rendre les sites accessibles à d’éventuels repreneurs. Les carreaux serviront souvent d’assiette à des industries qui contribueront, à leur manière, à la poursuite de l’économie locale.
Conjointement, le patrimoine habitat important des HN est laissé à l’abandon. Elles ne peuvent plus s’en occuper, laissant à des sociétés filiales le soin de le gérer. Celles-ci doivent faire appel à des crédits nationaux (et s’entendre avec les municipalités pour prendre en compte la vie des habitants. Les problèmes sont innombrables et les discussions sévères. Des plans de démolitions de cités sont lancés, avant la signature de protocoles d’accord. Ils ne prendront effet que pour une rénovation des logements les moins délabrés. Ces opérations ne sont pas encore terminées aujourd’hui.
Dans les anciens «corons », désormais gérés par des Offices HLM, une population qui n’a plus rien à voir avec le monde de la Mine, vient y habiter. Elle côtoie les anciens retraités ou leurs veuves. Le caractère spécifique de ces concentrations qui en faisait toute l‘essence même, est bien révolu. Si l’habitude demeure de les désigner comme «cités de mineurs », il faut bien dire que les jeunes générations en sont déjà à se demander, ce que pouvait représenter un «chevalet » et à quoi servait «une fosse ».
Heureusement que des responsables ont pensé pouvoir perpétuer le souvenir de cette longue épopée. Rendons hommage à ceux qui ont voulu que la Mine continue de vivre dans la Mémoire. Le Centre Minier de Lewarde, dans les locaux de la fosse Delloye, le Musée, de la Mine, dans ceux de la fosse Aremberg à Wallers, restent présents pour témoigner de la vie intense que fut celle des «gueules noires ».

Le diocèse de Cambrai a connu sur son territoire, dès le départ et durant deux siècles et demi, la présence du filon carbonifère qui a fait la richesse de la région. Courageux, déterminés, fiers de leurs conditions d’homme, les mineurs se sont investis dans le métier le plus dangereux et difficile qui soit. Les « goeules noires » ont façonné notre région, imprégné nos traditions et ont contribué à lui donner un visage qu’il n’est pas prêt de perdre.

 

BIBLIOGRAPHIE

 

Cette rétrospective a été réalisée, grâce à la connaissance du monde de la Mine et aux Archives personnelles de l’auteur. Monsieur Pierre Thomas. Il s’est appué sur celles émanant du Centre Minier de Lewarde qu’il tient à remercier. Elle fait référence à quelques ouvrages écrits sur le sujet ; « La Grande Epopée des Mineurs » de K Deberles, «Histoire des Mines du Nord et du Pas-de-Calais » de G Dubois et JM Minot et également à son propre ouvrage «Tranchées et Bowettes »


Le 23 décembre 1990, le dernier puits en activité dans le Pas-de-Calais, le siège 9-9 bis d’Oignies, fermait ses portes et par là même marquait l’arrêt définitif de l’exploitation du charbon.
Aussitôt, des mesures sont prises, remblayer les puits, raser les installations du jour, récupérer les terrains et finalement faire disparaître trois cents ans d’histoire et de travail.
Aujourd’hui, la vision est tout autre. L’histoire se poursuit, évolue, l’industrie charbonnière a transformé un paysage, et laisse sur le territoire beaucoup de témoignages : des chevalements, des terrils –naturels ou aménagés- des sites transformés en musées et plus de 600 cités ouvrières.
Le bassin minier est synonyme de patrimoine d’avenir, de patrimoine mondial puisqu’il est candidat à une inscription sur la liste du Patrimoine mondial de l’humanité au titre de paysage culturel évolutif.

Centre Historique Minier - Fosse Delloye - 59287 Lewarde
Tél. :               03 27 95 82 82        - www.chm-lewarde.com

Article publié par Michel Dussart • Publié le Vendredi 25 janvier 2008 • 6441 visites

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