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Joseph Nurchi, prêtre "frère de tous"

Joseph Nurchi, prêtre "frère de tous"

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Collégiale saint Pierre comble ce 5 octobre pour la "Messe d'action de grâce et de naissance au ciel" du "prêtre, du frère et de l'ami".

5 septembre dernier : c'est à Douchy les Mines, parc Maingoval, que 200 personnes fêtent le départ de "Jo" pour le doyenné de Pévèle-Scarpe. Michel Véniat, maire, le fait citoyen d'honneur de la Ville. Un mois plus tard, à 62 ans, l'abbé -décédé le 30 septembre d'une leucémie foudroyante- est inhumé dans le caveau des prêtres, à Aniche. L'incompréhension, la révolte, la douleur pouvaient se lire malgré les visages masqués, lundi, dans la plus grande église du diocèse. Mgr Dollmann avait souhaité ce lieu permettant de rassembler au plus large, dans le respect des distanciations. Très digne, enlacée, la famille franco-italienne de Joseph est là. Chancelier, Pierre Hégo évoque le parcours du défunt, natif de Thun saint Amand, confirmé en 1969 à Auby (ND de la Visitation), commune où il travaillera comme ouvrier à la Compagnie royale asturienne des mines. Quinze ans durant, Joseph se battra pour la défense des droits, militera à la jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) et à la CFDT. 18 juin 2000 : il est ordonné prêtre, à 42 ans, des mains de Mgr Jaeger, évêque d'Arras, le diocèse de Cambrai étant alors sans archevêque encore nommé.

Une ordination « exceptionnelle ». L'adjectif convient bien au parcours de l'homme "hors des sentiers battus, conjuguant le Christ et la cause militante", en dialogue avec ceux qui croient au ciel et ceux qui n'y croient pas ». Prêtre à Saint Amand les Eaux (il sera l'un des fondateurs de la commission inter-religieuse, ndlr), il rejoindra Aniche et l'Ostrevent puis le Denaisis (il est à chaque fois curé modérateur et curé solidaire) avant, en septembre dernier, de retrouver à nouveau l'Amandinois aux côtés du père Jean-Marc Bocquet. "Le défi des quartiers populaires, nous devions le relever ensemble", confie le père Bocquet, l’ami de toujours, bouleversé. Gilet jaune en 2018-2019, le père Joseph co-signera la Lettre "Au coeur d'une Eglise en danger, garder l'Espérance" adressée avec six de ses confrères aux trois évêques de Lille, Arras et Cambrai. En janvier 2020, publiquement, il monte au créneau pour défendre son archevêque mis à mal dans le Trombinoscope des évêques de France (éditions Golias). Là encore, son courage fait exception. 

Fraternité de l'autre

Comme un petit signe de la main ou un clin ... Dieu, Joseph disparaît au temps de la publication de "Tous frères", la troisième encyclique du pape François qu'il attendait avec impatience. Voyant la maladie décidée à l'emporter, il eut le temps de rédiger quelques lignes lues lors de la célébration : "Merci au Seigneur, c'est lui le patron, je l'aime ... Nous tous, aimons-nous les uns les autres, nos liens disent notre humanité, elle nous invite à passer du "nous" au "je", pardon à ceux que j'ai déçus ou blessés ... Je ne meurs pas, j'entre dans la Vie". Les pères Jean-Marc et Jean-Claude recouvraient le cercueil de l'aube "signe de vie et de joie dans l'amitié du Christ", Annick et Françoise ajoutant l'étole "symbole du rassemblement des hommes pour partager la paix et la parole". Dans son homélie, Mgr Dollmann touchait l'assemblée : "Dieu est amour, son amour est fidèle, il pénètre notre nature humaine et nous enseigne par les sacrements, en premier le baptême. Soyons des relais de cet amour, sens de notre vie terrestre et de la vie éternelle". Mes amis, dans un dernier coup de fil passé à Joseph, il m’a fait part de ses échanges avec le personnel hospitalier de Valenciennes plus intéressé souvent par les sagesses orientales : "Qu'avons-nous mal fait dans notre accompagnement spirituel ? Comment faire mieux connaître le trésor de la vie chrétienne ? " s'interrogeait-il. Mgr Dollmann concluait : "A l'exemple de Joseph, décédé le 30 septembre comme sainte Thérèse de l’Enfant Jésus qu’il vénérait, saurons-nous accueillir la confiance et l'amitié du Christ ?". La prière universelle mettait en avant les qualités d'accueil, écoute, partage et confiance de « Pino » (petit nom italien de Joseph), son équipe de vie remerciant du beau cadeau que fut la vie de Joseph à la vie civile et à l'Eglise. Le temps du dernier adieu était venu, les prêtres invités à se rendre dans l'allée centrale, cierge allumé à la main. "Je serai toujours", un dernier texte de Joseph, était lu par les siens : "Ce que nous faisons existera toujours si nous le faisons dans l'amour en Christ déjà ressuscité ... Même si mon corps devient poussière, je serai encore en prière". Le chant "Camarade » (1969) de Jean Ferrat, à la sortie du corps auquel les Gilets jaunes du Douaisis faisaient une haie d’honneur, donnait une belle épaisseur à "Fratjo", la signature courriel si parlante du grand bonhomme que fut Joseph Nurchi.

Ph. Courcier

 

 

 

Article publié par Service com • Publié le Lundi 05 octobre 2020 • 2360 visites

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