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Homélie de Mgr Malle

Lors de la messe de Notre-Dame du Saint-Cordon à Valenciennes

"Après la peste de l’an 1008, après bien des guerres sur cette terre du nord de la France, après bien des crises économiques, après la covid des années 2020, un autre fléau nous atteint, la guerre à nos portes en Europe, en Ukraine,  voire au delà, le pape François n’hésitant pas à parler d’une guerre mondiale. Alors dans ces temps de malheur, comme nos ancêtres, nous nous tournons vers le Ciel, nous crions vers Dieu et nous voulons faire passer nos prières par les mains de Marie. C’est l’intention majeure que je porterai en ce jour en effectuant le grand pèlerinage du saint Cordon et je vous invite à ajouter cette intention à toutes celles que vous avez apporté dans votre coeur. J’anticipe un peu mercredi prochain 14 septembre, fête de la Croix Glorieuse, jour où les Eglises catholiques de toute l’Europe sont appelées à prier pour la paix.

Voyons ce que Dieu nous dit dans sa parole ce dimanche, dans ce contexte, avec quatre questions :

D’abord, qui sommes-nous pour prier Dieu pour la paix ?

St Paul a des convictions fortes dans notre seconde lecture, sa lettre à Timothée : « le Christ Jésus est venu dans le monde pour sauver les pécheurs » ; et il ajoute : « et moi, je suis le premier des pécheurs ». Paul reconnaît qu’il ne méritait pas de devenir un apôtre, car il était blasphémateur, violent et qu’il persécutait les Chrétiens. Mais Dieu lui a fait miséricorde. Sur le chemin de Damas, Jésus lui apparaît et lui pose la question : « Paul, pourquoi me persécutes-tu ? »

Il écrit à Timothée que « sil lui a été fait miséricorde, cest afin quen lui le premier, le Christ Jésus montre toute sa patience, pour donner un exemple à ceux qui devaient croire en lui, en vue de la vie éternelle. »

Dieu veut faire miséricorde aux persécuteurs. Il veut pour eux aussi la vie éternelle.

Frères et soeurs, nous sommes nombreux à pouvoir dire comme st Paul, moi je suis le premier des pécheurs, mais Dieu m’a fait miséricorde, et c’est fort de cette assurance de la miséricorde de Dieu que je lui adresse ma prière.

Pouvons nous prier pour la conversion des dirigeants qui font du mal ?

La semaine dernière, j’ai fait un autre pèlerinage, dans mon diocèse des Hautes Alpes, pour prier pour les vocations, trois jours par an, sur les chemins de st Jacques. La montagne bordant la vallée dans laquelle nous marchions avait des plissements de terrain véritablement impressionnants. Les strates étaient pliées, arrondies, mais n’avaient pas cassées. Combien de millénaires il a fallu pour plier ce terrain et créer nos montagnes ! Voyez, dans nos hautes montagnes, on se sent tout petit. Quand vous êtes au portail de l’église de la Grave, tout en haut du diocèse de Gap-Embrun, vous contemplez le pic de la Meije et ses glaciers, et vous vous sentez tout petits et vous ressentez la grandeur, la splendeur de Dieu. Dans votre plat pays, jimagine quon peut avoir aussi cette impression par exemple en regardant les étoiles.

Je vous dis cela, car pour moi il y a une énigme : comment un dirigeant d’un pays peut s’imaginer le maître du monde et entraîner son peuple vers la perdition en attaquant un autre peuple ? Comment peut-il se permettre de détruire des villes entières, de déporter des millions d’ukrainiens, de couvrir des crimes de guerre, de provoquer une crise énergétique mondiale, une crise alimentaire mondiale ? Comment ne se rend-il pas compte qu’il n’est pas Dieu tout puissant, qu’il est tout petit au regard de l’histoire de notre terre. Qui est-il au regard de la vie éternelle ?

Frères et soeurs, prions pour la conversion de tous les dirigeants du monde et spécialement de ceux qui oppressent leur peuple au lieu de le servir. Que comme Paul et comme nous, ils rencontrent la miséricorde de Dieu.  Rien n’est impossible à Dieu frères et soeurs. Rien.

Notre prière est-elle puissante ?

Notre rôle à nous chrétiens est de prier, de faire monter vers Dieu notre supplication et nos pleurs. Et au cours de ce pèlerinage, le mieux est encore de le faire avec la prière toute simple du chapelet.

Prenons l’exemple sur Moïse dans notre première lecture. Après la révélation du Sinaï et de l’Alliance et la remise des tables de la Loi, le peuple a rompu cette alliance en retournant à  l’idolâtrie, en se construisant un veau d’or. Ce péché mérite un châtiment divin très sévère, et Dieu propose de détruire le peuple. Alors Moïse supplie le Seigneur : « Pourquoi, Seigneur, ta colère senflammerait-elle contre ton peuple, que tu as fait sortir du pays d’Égypte par ta grande force et ta main puissante ? Souviens-toi de tes serviteurs … »

Dieu voulait provoquer cette prière d’intercession, et la compréhension de Moïse de la miséricorde de Dieu a permis que cette miséricorde se manifeste.

Oui, Seigneur, souviens-toi de tes serviteurs en Ukraine et en Russie.

Enfin, dernière question, quel est le fruit de notre prière, quel sera le fruit de notre pèlerinage ?

D’abord nous espérons un fruit concret, la paix. Mais nous pouvons en espérer aussi un fruit pour nous-même.

L’évangile est un long chapitre de Luc sur la miséricorde, à partir de trois paraboles : la brebis perdue, la drachme perdue et le fils prodigue. En les méditant, nous comprenons que le coeur du Père est un amour infini, que sa miséricorde est infinie. Que quoi que l’on ait pu faire comme péché, Dieu accueille dans son coeur notre misère, nos infidélités, pour peu que nous nous tournions vers lui, c’est le sens du mot conversion. Peut-être qu’un fruit de ce pèlerinage sera le désir impérieux d’aller nous confesser, recevoir la miséricorde du Père.

Dans les trois paraboles, le résultat est la joie ! « Réjouissez-vous avec moi, car jai retrouvé ma brebis, celle qui était perdue ! » « Réjouissez-vous avec moi, car jai retrouvé la pièce dargent que javais perdue ! » « Il fallait festoyer et se réjouir ; car ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie. »

Avec lEglise, implorons comme fruit de ce pèlerinage, de comprendre toujours mieux combien la miséricorde de Dieu est infinie, et que la vraie joie est d’être nous aussi miséricordieux.

Que Notre-Dame du Saint Cordon entendent notre supplication. Que la joie et la paix inonde notre coeur. Amen !"

 

Article publié par Service communication • Publié le Lundi 12 septembre 2022 - 10h58 • 486 visites

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