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23 - LES TRANSFERTS

 

En ce qui concerne les locaux, le problème est plus ardu. Les bâtiments d’école dans une commune relèvent en principe de sa propriété Elle doit en assurer l’entretien. Les HN entendent bien céder, le plus rapidement possible, le patrimoine pour le franc symbolique, afin de le mettre à charge du nouveau propriétaire. Il apparaît vite que les municipalités ne sont pas préparées à cette éventualité, surtout les moins importantes en nombre d’habitants. Vont s’ensuivre, de longues discussions souvent orageuses, car le phénomène du «baby-boom » se manifeste, obligeant souvent à des constructions scolaires. Le problème ne sera mené à son terme qu’au bout de plusieurs années, pendant lesquelles les locaux resteront sans grand entretien.

 

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La mutation est aussi difficile avec les lieux de culte. Des pourparlers sont menés avec l’Archevêché pour la disposition des églises. En premier lieu, les desservants des «paroisses minières » cessent d’être rétribués. Un organisme d’Etat ne peut pas prendre en charge un ministre du culte, en vertu de la loi de Séparation. Pour ne pas léser la population des cités dans ses démarches spirituelles, les HN s’engagent, au départ, dans un compromis. Elles acceptent, de mettre gratuitement les lieux à disposition du clergé pendant un certain temps, pour y exercer le culte. Il en est de même pour les salles d’œuvre et les presbytères moyennant, pour eux, un loyer modique. L’entretien des locaux se voit réduit au fil des ans à la portion minima, garantissant à peine le clos et le couvert. Les crédits alloués deviennent très vite insuffisants. Au bout de vingt-cinq ans du régime, la question de la propriété est reposée à l’Association diocésaine, avec cession pour le franc symbolique. Les solutions adoptées par cette dernière divergent, en fonction des lieux, des considérations spirituelles des communautés intéressées, des possibilités financières pour en assurer l’entretien. Elles ne sont entérinées qu’après de longues, très longues tractations entre les parties, bien souvent sans volonté avérée d’aboutir. L’église N Dame des Orages de Sessevalle sera en définitive abattue. Sur insistance des paroissiens, un lieu de culte sera installé dans la salle d’œuvre, beaucoup plus délabrée que l’église elle-même.
Ces difficiles discussions n’empêchent pas les mineurs des cités de fêter dignement, la Ste Barbe, leur sainte patronne, dans «leur église », le 4 décembre de chaque année.
La même volonté des HN de se désengager se manifeste au niveau la vie associative. Les Sociétés de mineurs ; sportives, musicales et autres, sont dotées de subventions à charge pour elles, d’en assurer le bon fonctionnement. Petit à petit, les installations ; stades, locaux de réunions, équipements, entrent en léthargie et sont souvent laissées à l’abandon par défaut d’entretien. Les adhérents se tournent alors vers les instances communales et officielles, pour exercer leur art. Cette fusion leur fait perdre tant soit peu leur identité spécifique.
Localement, des initiatives privées, conscientes de la dégradation du milieu de vie, essaient de pallier ces carences. Ne peut être ignorée la réalisation par le curé de de Sessevalle avec l’aide active et totale des mineurs, d’un parc d’attractions, fréquenté par toute la jeunesse de la cité et celle des environs.
Un acquis, issu de la Nationalisation, reste néanmoins à souligner.

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Il consiste dans l’octroi pour le mineur, d’un séjour de quinze jours à La Napoule, sur la côte d’Azur. Pendant toute l’année, par roulement, il bénéficie, pendant son repos, du soleil et du dépaysement. Le voyage par Chemin de Fer est payé par les HN. Qui, dans les cités n‘a pas connu la fièvre présidant au départ et les commentaires dithyrambiques du retour, pour des ouvriers qui n’avaient jamais ou presque quitté leur cité ?
Pendant vingt-cinq ans, la Nationalisation des Mines a été un élément primordial dans la longue épopée du charbon. Elle a permis, à la sortie d’un conflit long et douloureux, de favoriser la reprise de l’économie nationale en instituant, avec des méthodes nouvelles, une rentabilité que ne connaissaient pas les anciennes Compagnies. De plus, elle a entériné une longue et constante revendication du personnel : un Statut particulier, lui apportant des garanties dans sa profession et pour son avenir.
Elle a amené indéniablement des avantages, en tous domaines, technique et social, à la fois pour l’économie du pays et pour la profession tout entière. Cependant on ne peut nier les effets négatifs qu’elle a engendrés. La récession minière, qui se dessine à partir de 1970, soulignera avec force cet aspect, dans un sens comme dans l’autre. 
 

 

 

 

 

Article publié par Michel Dussart • Publié le Samedi 22 décembre 2007 • 4395 visites

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