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20 LA NATIONALISATION

 
 
« RETROUSSEZ VOS MANCHES »
 « IL FAUT GAGNER LA BATAILLE DU CHARBON   

 

 

          M THOREZ 21juillet 1945 »               

 
Après avoir libéré la région, les colonnes anglo-américaines sont certes à la frontière allemande, mais la France grelotte par manque de combustible. Heureusement les occupants n’ont pas renouvelé leurs noirs desseins de 1918. Le bassin minier et ses installations, hormis certains réseaux ferrés internes, à Douai et Somain en particulier, sont intacts. Les mineurs vont pouvoir recommencer à produire dès que le Chemin de Fer national, totalement dévasté, connaîtra un début de consistance.
Courant décembre 1944, les premiers trains de charbon commencent à desservir la région parisienne. Avec eux, le renouveau économique s’amorce. L’activité dans la bowette peut redevenir normale et soutenue, malgré la fatigue du matériel et, faut-il le dire, le malaise engendré par les séquelles de l’occupation. Un vent d’épuration souffle pour dénoncer les collaborateurs trop zélés. En fin de compte, la raison l’emportera sur les divergences et ressentiments personnels. Les mineurs accepteront le renfort de prisonniers allemands logés dans des camps à Ecaillon ou Hornaing, jusqu’en 1948. Devant la dureté permanente du trav5620169 5620169  ail du fond, les adversaires d’hier seront souvent considérés comme des «camarades ».
Outre la volonté de gagner à tout prix «la bataille du charbon » pour une remise en route rapide de l’économie, le monde de la mine est aussitôt confronté à une mutation fondamentale et immédiate. Elle va décider de son avenir. Le tout nouveau Gouvernement provisoire de la République décide de procéder à la Nationalisation des Compagnies minières, pour faire de cette industrie spécifique, une entreprise nationale sous contrôle de la Nation et à son profit.
Dès le 13 décembre 1944, une ordonnance institue les Houillères Nationales. La gestion et l’administration sont assurées par l’Etat. Le Chef du Gouvernement nomme le Directeur Général. Les prix de vente, les rapports d’exploitation, les bilans et comptes de profits et pertes, seront soumis à l’approbation des Ministères concernés. La représentation du personnel et des consommateurs est prévue. Le transfert des propriétés est à l’étude, moyennant indemnité envers les anciens actionnaires. Sur initiative pressante de la Fédération du sous-sol, est envisagée la rédaction d’un Statut du mineur.
Naturellement un laps de temps est nécessaire pour réaliser concrètement la mutation. Les décrets d’application se succèdent durant l’année 1945. Un an et demi après, la loi du 17 mai 1946 crée les Charbonnages de France. Un Conseil d’Administration a pouvoir de nommer le Directeur Général et ses adjoints. Les Administrateurs sont responsables devant la Cour des Comptes et devant le Parlement. Parallèlement le Statut du mineur est élaboré. Il unifie toute la corporation en ce qui concerne les catégories d’ouvriers, détermine les bases du salaire, l’obtention des différents congés, la liberté syndicale, le droit à la retraite, etc.
Le nouvel établissement prend le nom de « Houillères du Bassin du Nord et du Pas-de-Calais ( HBNPC) ». Le bassin est reparti désormais en 9 groupes, ayant chacun à leur tête un Directeur délégué. Le siège du nouvel Organisme se trouve à Douai, rue des Minimes, dans les locaux de l’ancien Arrondissement Minéralogique.
Le bassin de Nord comprend deux groupes distincts.
Celui de Douai, à l’ouest, rassemble les anciennes concessions d ‘Aniche, d’Azincourt, de l’Escarpelle et de Flines. Il prend en compte 18 fosses d’extraction, pour un effectif approximatif de 25.000 personnes y compris ceux des Usines. Il est le premier groupe de France pour la production d’agglomérés, avec ses deux usines à boulets et ses deux, à briquettes.
Celui de Valenciennes, à l’est, jusqu’à la frontière belge, réunit cinq anciennes concessions d’Anzin, de Douchy, de Crespin, de Thivencelles et de Vicoigne. Il est le plus étendu de tous les groupes, sur le plan de la superficie. Il prend en compte 19 fosses d’extraction, pour un effectif de 18.000 personnes.
Ces chiffres donnent la teneur de l’influence que garde le monde mineur, sur la vie des deux arrondissements administratifs et conjointement sur celle du diocèse.
L’exploitation, toujours aussi difficile à cause de l’épaisseur restreinte des veines, va continuer comme avant guerre, sous la nouvelle appellation. De nouvelles règles d’administration et de gestion sont appliquées sur les chantiers du fond et au jour. L’objectif est de 11 à 15.000 tonnes/jour pour le groupe de Valenciennes, un peu moins pour celui de Douai, auxquelles il faut néanmoins ajouter 6.500 tonnes d’agglomérés.
Le renouveau économique tarde pourtant à se manifester. Le ravitaillement est toujours aussi étriqué. La vie chère et le marché noir ne peuvent être maîtrisés au niveau national. Cette situation, doublée de considérations politiques et internationales, entraîne la grogne des ouvriers de toutes corporations. Celle des mineurs est, en outre, mécontente du manque de considération vis à vis des efforts consentis. Le bassin local, depuis Douai jusqu’à la frontière, en symbiose avec celui du Pas-de-Calais, est secoué en décembre 1947, puis en octobre 1948, par des mouvements très violents. Le 7 octobre 1948, la CGT annonce que le sécurité des puits est abandonnée si les forces de l’ordre ne sont pas retirées. Des dégradations de l’outil de travail et même à des attentats sanglants sont alors à déplorer. La situation, au bord de l’émeute, aboutit, en réaction, à l’occupation totale des carreaux de fosses, par l’armée. Elle se solde en définitive par une division syndicale avec l’émergence d’une nouvelle Centrale ; FO, qui se démarque de la CGT.
Centrale ; FO, qui se démarque de la CGT.

Article publié par Michel Dussart • Publié le Vendredi 09 novembre 2007 • 5455 visites

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