|
Juste avant la période étrange que nous vivons, une vaste étude sur la vie démocratique en France publiée début février 2020*, fait état « du désir de cohésion et d’unité des Français : 83 % d’entre eux sont convaincus que nous devons nous serrer les coudes et affronter les problèmes ensemble. Lutter contre le réchauffement climatique et mieux protéger l’environnement apparaissent comme des enjeux capables d’unir les Français par-delà leurs divisions : 68 % en sont convaincus. L’environnement fait donc figure d’exception dans la politique nationale française, car une majorité de Français et de Françaises y voient un sujet rassembleur dans un paysage où tout semble diviser : identité, immigration, démocratie, travail…
S’engager dans la transition écologique répond également à un besoin : celui de nous projeter collectivement dans l’avenir. Dans un pays qui s’inquiète de sa trajectoire économique, se perçoit comme en déclin et voit le monde extérieur comme une menace, la lutte contre le réchauffement climatique et la protection de l’environnement ouvre donc des perspectives plus qu’elle n’en ferme Dans le récit collectif à écrire, la transition écologique n’est pas un objet de crispation, mais plutôt de projection, mêlant emploi et transition écologique.
Dans une France qui doute d’elle-même et pense ne s’entendre sur rien, la protection de l’environnement apporte également de la fierté, de la possibilité d’agir, et un sentiment d’appartenance : huit Français sur dix jugent que lorsqu’ils font un geste en faveur de l’environnement, ils ont le sentiment de participer à un effort collectif et en sont fiers.
Et enfin, 86 % pensent que nous devons agir en faveur de l’environnement parce que les jeunes générations l’attendent de nous. Les perspectives d’avenir ouvertes par la transition écologique s’écrivent donc à la fois avec les mots de l’opportunité et avec ceux de la responsabilité. »
Et voilà qu’en pleine crise sanitaire, le pape François nous invite à fêter l’anniversaire de la parution de l’Encyclique Laudato si’ (mai 2015), par une semaine en mai, puis une année et même une décennie ! « Nous espérons que cette année et la décennie à venir pourront véritablement constituer un temps de grâce, une expérience de vrai Kairos (conversion) et un temps de « Jubilé » pour la Terre, pour l’humanité et pour toutes les créatures de Dieu ».
Au milieu du chaos angoissant, comment ne pas voir une « convergence » - non pas des luttes, quoique ! - mais « une occasion unique de transformer la lamentation et le tourment actuels en la naissance d’une nouvelle façon de vivre ?
L’encyclique nous offre en effet une boussole morale et spirituelle pour nous guider sur ce chemin commun, visant à créer un monde plus intéressé, plus fraternel, plus pacifique et plus durable
À cet effet et pour imaginer un monde post-pandémique, nous devons tout d’abord adopter une approche intégrale, « car tout est intimement lié et les problèmes actuels exigent un regard qui prenne en compte tous les aspects de la crise mondiale » (LS 137) » **
Alors… en route !!
Bernadette Hautcoeur, coordonnatrice diocésaine du Réseau Laudato si’ pour le diocèse de Cambrai
* Enquête publiée par les Semaines sociales de France, qui sont un espace de rencontres, de formation et de débat, et cherchent à contribuer au bien commun, en s’appuyant sur la pensée sociale chrétienne
** publié par le diocèse de Valence : « Quand l’écologie intégrale s’invite au coeur du confinement… Pour le monde d’après » F Revol
|
|