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Te Voila... enfin Euros

Et s'il prenait un sens

En ce dimanche après Noël, célébrant l’incarnation du Fils de Dieu, la liturgie ouvre notre regard sur une des réalités les plus immédiates de cette incarnation : l’insertion du Fils de Dieu dans un réseau humain, une tribu, une famille… donc une réalité que nous appellerions aujourd’hui “sociologique ou ethnique” sans laquelle il ne peut y avoir d’humanisation.
L’Incarnation, à travers Jésus, donne ainsi à toute réalité humaine même la plus humble, la plus terre à terre, une part, une marque, une imprégnation du divin. Aussi, en ces jours où nous allons basculer non seulement dans une nouvelle année mais dans un nouveau système monétaire, permettez-moi de prendre aujourd’hui cette “réalité humaine” comme thème de notre réflexion.

Quelle fut l’attitude personnelle de Jésus face à l’argent ? On ne sait rien des années où, à Nazareth, il fut simplement “le fils du charpentier”. Mais durant les trois années de sa vie publique il faisait caisse commune avec les apôtres, Judas étant d’ailleurs le trésorier du groupe. On sait qu’il payait l’impôt du temple grâce à l’étrange histoire du poisson. (Mat 17,24) et qu’il a évité la pernicieuse question sur l’impôt d’état par sa réponse fameuse : “…rendez à César ce qui est à César”.
Nous savons aussi qu’il mettait en garde ses disciples de l’argent qui risquait de détourner leur cœur de l’essentiel souvent il en est question dans l’Évangile.
Aujourd’hui laissons-nous interpeller par deux aspects de ce changement.
Le nom de notre monnaie :
1 Nous ouvrons les frontières de nos nationalismes étriqués qui, en Europe, ont mené à tant de guerres. Symboliquement se mêleront bientôt dans nos porte monnaies des monnaies avec au dos l’image des rois de Belgique ou d’Espagne ou encore de l’aigle allemand… Occasion d’ouvrir nos yeux et nos cœurs au-delà des frontières et même les frontières européennes.
2 Il est vrai que l’argent est mobile ressort de progrès. La chance de gagner de l’argent stimule la créativité le zèle, l’assiduité l’esprit du risque. L’argent est aussi le salaire la rétribution, la reconnaissance d’un travail d’un service. Tout ceci est positif. Mais si nous énumérons les mots qui sont devenus des nouvelles normes pour aujourd’hui : clients, actionnaires, entrepreneurs, efficacité, innovant, créatif, productif, concurrence, flexibilité, porteur d’avenir… et surtout leur contraire : inefficaces, rétrogrades, improductifs, immobiles, sans avenir, sans pouvoir… cela ne peut pas, en tant que suiveurs de Jésus nous laisser insensibles.
Oui, il faudra un fort appui éthique afin que l’argent ne tue pas l’homme et même la création. Notre foi en Dieu ne nous demande pas de faire faillite de devenir des clochards des SDF, sans papiers, marginaux… mais en même temps elle nous refuse toute certitude tranquillisante.
La seule chose qu’elle nous interdit, ce à quoi nous tenons le plus ; la jouissance paisible de nos biens.
La fidélité ici ne consiste pas à garder jalousement ce qu’on a reçu.
Être fidèle c’est distribuer, c’est faire fructifier au profit de tous et, dans une société qui devient de plus en plus complexe, introduire la justesse dans les habitudes sociales et les institutions politiques et l’économie bancaire…

La question n’est pas d’être riche ou pauvre mais de savoir s’il est possible de rester longtemps riche si on aime vraiment

 

Article publié par Michel Dussart • Publié le Lundi 31 décembre 2001 • 3524 visites

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