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Un diocèse en Lotharingie

A partir de 843 d'autre part, l'importante modification politique, issue du traité de Verdun entre les petits- fils de Charlemagne, allait avoir de lourdes conséquences pour plus de sept siècles.

Autorisation accordée par l'empereur OTTON à l'évêque de Cambrai de battre monnaie
Empereur Otton  
Autorisation accordée par l'empereur OTTON à l'évêque de Cambrai de battre monnaie
Autorisation accordée par l'empereur OTTON à l'évêque de Cambrai de battre monnaie

A partir de 843 d'autre part, l'importante modification politique, issue du traité de Verdun entre les petits- fils de Charlemagne, allait avoir de lourdes conséquences pour plus de sept siècles. En effet, Lothaire, un des trois héritiers, reçut, avec le titre d'empereur, la partie médiane de l'empire, à savoir l'Italie, jusqu'au duché de Bénévent, et depuis les Alpes jusqu'à la mer du Nord une longue bande de terre séparant les Etats de ses deux frères (en gros : Pays-Bas, Lorraine et Alsace, Comté de Bourgogne, Suisse, Dauphiné, Provence). Tout ce qui était à l'ouest allait à Charles, à l'est à Louis le germanique. L'Escaut, dans notre région, constituait la frontière occidentale du territoire de Lothaire.

 

Le diocèse de Cambrai, dont on sait que son territoire était entièrement situé à l'est de l'Escaut, relevait donc désormais du nouvel empereur Lothaire. Par ailleurs, c'est au IXè siècle qu'intervint une nouvelle organisation du diocèse, regroupant les 500 paroisses en 5 archidiaconés, chaque archidiaconé étant lui-même divisé en 3 ou 4 décanats ou doyennés :

 

  • archidiaconé de Cambrésis , correspondant au Pagus Cameracensis, mais agrandi.
  • archidiaconé de Hainaut , correspondant au Pagus Hainoensis.
  • archidiaconé de Valenciennes , concordant avec les Pagi Fanomartensis et Templutensis.
  • archidiaconé de Brabant, correspondant au Pagus Brachbatensis
  • archidiaconé d'Anvers, correspondant au Pagus Antwertensis.

 

Un autre changement était intervenu peu avant le traité de Verdun, concernant l'élection de l'évêque (en l'occurrence Thierry), qui ne procédait plus du peuple et du clergé, mais de l'empereur. Celui-ci lui conféra d'ailleurs lui- même la dignité épiscopale. Cette modification souleva la colère de l'archevêque de Reims, qui menaça d'anathème tous ceux qui auraient un rapport avec les évêques successivement nommés de cette manière. Le poste de Thierry, mort en 862, fut vacant 4 ans, et en 866, ce fut l'archevêque qui eut finalement raison, en nommant Jean Ier (866-879), successeur de Thierry. Il est nécessaire également d'évoquer, ne serait-ce que pour mémoire, les invasions normandes successives, qui se développèrent à partir de 860, pour atteindre leur paroxysme sous le règne de l'évêque Rothade, qui verra le 28-12-881 le sac de Cambrai, alors que le monastère de St Vaast d’Arras avait été brûlé l'année précédente.

 

Dodilon, successeur de Rothald, qui avait restauré et même accru le système de fortifications de la cité épiscopale, obtint en 894 d'Arnulf, roi de Germanie, la confirmation des immunités de l'église de Cambrai et de toutes ses terres et autres biens. Cette décision sera suivie en 926 par la restitution à ladite église des monastères, notamment de l'abbaye de Maroilles. Arnulf deviendra empereur en 896 et le Cambrésis sera confirmé comme terre d'empire, dépendant de l'empereur pour le temporel et de l'archevêque de Reims pour le spirituel. Cette situation perdurera jusqu'à la conquête française au XVIè siècle.

 

Cependant, ces nouvelles invasions allaient avoir au plan politique une importance considérable, dans la mesure notamment où elles contribuèrent pour une large part au passage progressif à la féodalité. En effet, devant la défaillance des « Grands » face aux envahisseurs, tous les espoirs de paix reposaient désormais sur certains aristocrates qui osèrent les combattre, s'occupèrent des paysans, comme le firent également certains membres du clergé (curés, moines).

 

A l'est de la frontière de 843 (c'est-à-dire de l'Escaut), séparant les terres de Charles et de Lothaire, il y eut de ce fait, comme ailleurs, émergence de quelques familles puissantes, qui se trouvèrent bientôt détentrices de comtés. A la fin du IXème siècle, le pagus de Cambrai d'une part, et le pagus de Famars d'autre part formèrent deux comtés dans la partie méridionale du diocèse de Cambrai. Au Xè siècle, le pagus de Famars reçut une nouvelle appellation, à cause de la rivière « la Haine », qui en formait la limite côté nord, en devenant le Hainaut. Cependant, sous la maison de Saxe, l'autorité du souverain fut peu à peu restaurée, et le pouvoir comtal progressivement endigué, notamment par Otton ler dit « le Grand » , qui allait recueillir la couronne impériale en 962. II mit en place un système de gouvernement chargé de contenir les forces particularistes, et y associa l'église, qui devint en quelque sorte impériale, en créant des principautés ecclésiastiques, destinées également à contribuer à les contenir.

Article publié par Michel Dussart • Publié le Jeudi 02 février 2006 • 6773 visites

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