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5. Les hommes de la mine

 

 Une corporation soudée devant le danger permanent

 

Une Société industrielle ne peut véritablement prospérer que par le savoir-faire et le courage de son personnel. Les Compagnies des Mines n’échappent pas de cette réflexion. Après les premiers pionniers, Ingénieurs, Contremaîtres (porions en langage professionnel), Employés et Ouvriers se sont toujours appliqués à faire prospérer leur entreprise, en dépit des nombreuses difficultés auxquelles ils ont été confrontés. La corporation des mineurs a toujours été reconnue pour sa volonté, sa fierté et sa détermination dans un métier dangereux.  C’est en partie grâce à elle que la population a pu survivre dans les moments dramatiques de l’Histoire.

 

Après avoir bénéficié de l’expérience des techniciens belges, beaucoup plus au fait du métier, les promoteurs  anzinois recrutent dans les cours des fermes des environs. Vivant à la limite de la pauvreté, cette main d’œuvre pense trouver dans cette offre des conditions de vie nouvelles, une personnalité mieux considérée, avec l’assurance d’un salaire plus décent.

 

à Denain Groupes de Caffus  
à Denain
à Denain
Cette tendance s’affirme tout au long du 19° siècle quand les Compagnies étendent leur influence pour consolider leur production. La Compagnie d’Aniche ne va-t-elle pas  aller chercher  des  ouvriers dans les riches plaines cambrésiennes, quand elle ouvre des puits à Somain en 1839 ?

 

Cette politique est adoptée jusqu’au départ de la première  génération. Dans la profession, les enfants prennent l’habitude d’épouser le métier du père. Le fils entre à la mine en tant que «galibot ». Les filles sont souvent embauchées au jour comme «trieuses de charbon » (les caffuts) et y travaillent jusqu’à leur mariage et même après. Au début du XX° siècle, les Compagnies font déjà appel à de la main d’œuvre étrangère (belges, italiens, polonais, allemands et aussi maghrébins).

 

 

Les mineurs se syndicalisent

 

Le mineur s‘aperçoit vite qu‘il est exploité par les financiers. Il se lance alors dans une succession de contestations qui tournent quelquefois à l’émeute. Face au danger permanent sur le lieu de travail, il acquiert un réel esprit de communauté qui le pousse à se regrouper en corporation. En 1895, il se tourne tout naturellement  vers le syndicalisme.

 

Le charbon, symbole du progrès dans une société qui s’industrialise,  devient indispensable à la bonne marche de l’économie française. Le mineur s’en rend compte. La pénibilité du métier lui vaut, de ce fait, la sympathie de la population.

 

A partir de là, gagné par les idées révolutionnaires, il va s’élever de plus en plus contre les «patrons » présentés comme des affameurs du peuple. Il s’oppose aux idées conservatrices prônées par les sympathisants de la Royauté et plus tard  de la III° République  et dénonce le capitalisme qui  est l’émanation du monde libéral.

Clergé et Eglise ne sont pas épargnés. Ils sont reconnus comme adversaires des idées progressistes, alliés de l’Ancien Régime oppresseur de la classe ouvrière, farouchement opposés aux doctrines avancées par les philosophes chantres de l’Internationale ouvrière.

 

Un fossé se crée que n’arrivera pas à combler la doctrine sociale de l’Eglise, avancée par le pape Léon XIII.

 et de galibots Groupe de mineurs  
et de galibots
et de galibots

 

Les estaminets, dans lesquels se retrouvaient les mineurs avant et après le travail, sont les creusets de revendications sociales et de grèves. Emile Basly, qui deviendra le premier député mineur du Nord/Pas-de-Calais, avait ouvert à Denain son estaminet, «  au XIXe siècle ». II y haranguait ses camarades mineurs et ces établissement: étaient, du fait, les ennemis jurés des Compagnies des Mines. C'est lui qui a inspiré Zola pour son personnage d'Etienne Lantier dans Germinal. Dans l'exposition « La vie quotidienne du mineur » au Centre Historique Minier, un• reconstitution d'un estaminet permet de se replonger dans le XIXe siècle, et de mieux comprendre le rôle des cabarets -lieu de vie sociale, lieu de détente et siège de sociétés de loisirs- et son importance dans la vie quotidienne des mineurs.

 

 

 

 

Centre Historique Minier

Fosse Delloye à Lewarde

Tél. : 03 27 95 82 82

http://www.chm-lewarde.com

 

Article publié par Michel Dussart • Publié le Vendredi 16 février 2007 • 9939 visites

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