Outre les changements enregistrés dans la technique d’exploitation, la Nationalisation entraîne, en corollaire, une modification des comportements du personnel, dans son mode de vie et dans sa mentalité.
Elle lui apporte, avec un Statut légal, une garantie de l’emploi qu’il ne connaissait pas auparavant. Elle lui confère des barèmes de rémunération définis, suivant des catégories bien déterminées et des règles relatives aux avantages qu’il est en droit d’attendre : couverture maladie et blessure, congés divers, retraite, aspect social en tous domaines. La liberté syndicale lui est acquise, sans aucune contrainte d’aucune sorte. En un mot, il n’est plus à la merci du bon vouloir des dirigeants des anciennes Compagnies.
Cette ouverture, faut-il le souligner, n’est pas néanmoins sans contre partie.
Une revendication ancienne est enfin reconnue. Elle va modifier fondamentalement la contexture des cités, sur les plans foncier et sociologique. Depuis toujours, le mineur à la retraite doit quitter le logement qu’il occupe, l’obligeant à rechercher une location pour assurer ses vieux jours. Désormais, il peut, lui ou sa veuve en cas de décès, rester sur place ou occuper un logement plus exigu. Si le principe est définitif, la réalisation immédiate est plus aléatoire. Elle oblige les HN à lancer un vaste plan de constructions, adaptées et plus petites, en sus de celles plus modernes qu’elles ont déjà mis en chantier, dès 1947, dans des cités-jardins plus aérées. 
Fête de la Sainte Barbe
Cette décision entraîne la recherche d’emplacements de plus en plus éloignés des carreaux puisque les habitants n’ont plus à se rendre au puits de descente. C’est surtout sur le plan de la cohabitation que le changement s’opère.
Au sein même de l’habitat spécifique, une population âgée se mêle en principe à une plus jeune, modifiant les conditions de vie des uns et des autres et les relations inter génération. Conjointement, avec d’autres phénomènes de société issus du progrès (banalisation de la voiture personnelle, prolifération des ustensiles ménagers), la nouvelle géographie permet une ouverture plus grande vers l’extérieur. Une meilleure intégration dans l’environnement local et communal s’instaure et les cités ressemblent de moins en moins à des «ghettos ». Dans le but d’humaniser un peu plus l’habitat, les allées, dénommées par lettres alphabétiques, sont rebaptisées d’après un critère différent, suivant les Groupes. Malheureusement, l‘essoufflement des crédits consacrés aux cités fera, qu’à terme, les habitations seront de plus en plus délabrées, surtout si le locataire ne participe pas, lui-même, à leur entretien. Pour se consacrer uniquement à la production en tant qu’organisme d’Etat, les HN se désolidarisent petit à petit du rôle joué par les anciennes Compagnies, en fait de politique sociale en tous domaines.
Il en est ainsi de l’instruction des enfants de leur personnel.
Coulonneux.. concours de pigeons
Antérieurement sous régime privé, leurs écoles sont maintenant transférées dans le domaine de l’Instruction publique, enseignement et locaux compris. Les maîtres, employés des Mines, sont amenés à opter pour le régime de leur choix. Ou bien, ils sont versés dans le personnel de l’Education Nationale, ou bien ils sont reclassés parmi les employés de l’entreprise. L’option prise est fonction de la situation, de la volonté et de l’âge de chacun. La mutation entraînera des difficultés lors de la cessation d’activités des intéressés, confrontés alors à un double régime de Caisse. Les plus anciens, à la limite de la retraite, sont instamment priés sur-le-champ de faire valoir leurs droits, en fonction des règles du nouveau Statut des mineurs.