« Avant même de te former dans le sein de ta mère, je te connaissais, avant que tu viennes au jour, je t’ai consacré » (Jr 1,5). A travers l’appel du prophète Jérémie, Dieu révèle qu’il a pour chaque homme un projet. Nous ne sommes pas les fruits du hasard. Quel que soit la situation de notre vie et de notre état de santé, nous avons été voulus par Dieu, aimés par Lui depuis toute éternité. Ainsi en retour, chacun de nous est appelé à entrer en relation personnelle avec Dieu et à répondre d’une manière particulière à son amour. Jésus son Fils nous le confirme. Par sa mort librement consentie pour nous, il nous a arraché à la mort et ouvert la possibilité de répondre à l’amour de Dieu et d’en vivre éternellement. C’est ainsi qu’à la veille de sa mort, il invite ses disciples à demeurer dans son amour.
Le diacre permanent dont le champ de mission est d’abord son lieu de vie et de travail, est appelé à rendre compte de cette proximité déroutante de Dieu à chaque être humain et de son amitié qu’il veut établir personnellement avec chacun. Et ce ministère concerne chaque membre de l’Eglise. Saint Paul l’a rappelé dans sa lettre aux Romains dont nous avons entendu un extrait : « Tous dans le Christ tant que nous sommes, nous formons un seul corps, tous et chacun, nous sommes membres les uns des autres » (Rm 12,5). Le diacre est ainsi ordonné pour encourager et accompagner la mission de témoignage de tout baptisé. Certes cette mission est rendue difficile dans une société où le religieux est relégué à la sphère du privé et où tout se discute et se vaut. A l’échelle humaine, il y a de quoi être découragé. Mais auprès du Seigneur, nous pouvons apprendre à vivre cette crise de la transmission comme un temps d’épreuve et de purification. Nous pouvons trouver aujourd’hui l’élan pour y faire face à travers l’ordination de Christophe et Michaël.
Le diacre nous convie à maintenir vivante la mission du témoignage par le lien avec les petits et les pauvres. Le Christ a instauré ce ministère au Cénacle par le lavement des pieds. En effectuant le geste d’un esclave, Jésus a révélé que Dieu voulait sauver l’humanité entière, que son Royaume était pour tous. Car si le pauvre y a sa place, tout homme a sa place ! Cette Bonne Nouvelle de l’abaissement signifie également que le salut est bien don de la vie de Dieu. Car si l’humble est honoré et élevé, toute vie même la plus insignifiante aux yeux des hommes, est honorée et accueillie dans l’Eternité. C’est en prenant le chemin de l’humilité aux côtés des petits et des pauvres que nous pourrons déjà vivre selon le Royaume de Dieu et demeurer dans son amour.
D’ailleurs si nous relisons notre cheminement spirituel, ne sommes-nous pas amenés à reconnaître que les témoins de la présence de Dieu et les relais de son appel, ont été habituellement des personnes humbles et fidèles à leur engagement chrétien ? Ce témoin, ce fut tel prêtre qui savait avec patience renouer sans cesse les liens entre les personnes et avec le Seigneur. Ce relais, ce fut tel catéchiste ou éducateur qui enseignait l’amour du Christ et de son Eglise. Ce témoin, ce fut encore tel parent ou ami qui osait parler de la foi et inviter à la prière.
Comme pour le prophète Jérémie, Dieu dit à vous Christophe et Mickael qui allez être ordonnés diacres et à chacun d’entre nous réunis autour de vous : « Tu iras vers tous ceux à qui je t’enverrai, tu diras tout ce que je t’ordonnerai. Ne les crains pas, car je suis avec toi pour te délivrer » (Jr 1,6-8).
Pour répondre à la mission de service à la suite du Christ et y entrainer l’ensemble de l’Eglise, le diacre reçoit le don d’un sacrement. Dieu met non seulement comme pour Jérémie sa Parole dans la bouche du diacre, mais encore l’Esprit de Jésus dans son cœur. C’est l’Esprit-Saint qui réalise la promesse de Jésus : « Je vous ai mis à cette place afin que vous partiez, que vous donniez du fruit, et que votre fruit demeure » (Jn 15,16).
Demandons pour nos ordinands et nous-même l’Esprit-Saint afin qu’il nous greffe sur la vie et l’amour du Christ et nous permette d’en témoigner dans la fidélité et la joie.