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Le regard du père Descouvemont
au sujet de Marthe Robin

A la suite de la publication du livre du père Conrad De Meester "La fraude mystique de Marthe Robin" aux éditions du Cerf, dont la presse a fait l'écho et qui peut nous interroger, Mgr Vincent Dollmann a demandé au père Pierre Descouvemont de nous partager son regard sur le sujet. 

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Le livre de Conrad de Meester sur Marthe Robin n’a rien apporté de neuf à ceux qui connaissent le sujet. Ses arguments contre la sincérité de Marthe  étaient bien connus depuis des années et ont été examinés de près - et réfutés -   par les autres  experts – plus de 25 !-  qui ont eu en mains les mêmes documents que lui.

En tant que spécialiste de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, j’ai très bien connu Conrad, je l’ai même eu au téléphone quinze jours avant sa mort. Malheureusement, dans les dernières années de sa vie, il s’est entêté à critiquer, seul contre tous, l’Edition critique des écrits de Thérèse sur des questions de détail et sans apporter la moindre preuve tangible à ses assertions. C’était tout le contraire du travail sérieux qu’il avait fait sur Thérèse et surtout sur Elisabeth de la Trinité. Nous étions plusieurs amis,  Mgr Gaucher, le Père Bro, Jacques Longchampt, etc, à le lui faire gentiment remarquer, mais il se contentait de nous répondre : « Je reconnais qu’aucun écrit de Thérèse ne peut appuyer ce que je dis, mais je pense, j’ai l’intime conviction, que Thérèse pensait comme moi ! »

Quant à Marthe, il n‘a pas voulu admettre que  quelqu’un puisse avoir des écritures différentes au même moment de sa vie. Ce fut le cas de François de Sales et de combien d’autres. Il n’a pas voulu admettre qu’elle ait pu lire ou se faire lire tant de livres de toutes sortes avant de devenir complètement paralysée. En fait, elle s’intéressait à tout et jouissait d’une très grande mémoire : c’est pourquoi il lui arrivait de recommander des recettes de cuisine très précises à ceux et celles qui vinrent lui rendre visite des années plus tard.

D’autre part, elle aimait exprimer son expérience spirituelle en utilisant des textes d‘autres écrits qu’elle avait lus jadis et dont elle se souvenait spontanément. Ici encore, débarrassons-nous de cette image populaire que l’on donne souvent des saints – et selon laquelle ils n’avaient pas besoin de livres. On se demande comment Thérèse a eu le temps de lire tant de livres pour sa vie spirituelle et celle de ses novices ou pour composer ses pièces de théâtre – notamment le très beau livre de l’historien Henri Wallon – un valenciennois !– sur Jeanne d’Arc. Le Curé d’Ars a acheté de ses deniers une soixantaine de bouquins, quand il était vicaire de l’abbé Balley à Ecully.

Bref, c’est surtout à partir d’une étude graphologique des écrits de  Marthe que Conrad prétend que Marthe était une menteuse, mais, il n’a trouvé AUCUN TEMOIGNAGE  DE PERSONNE AYANT APPROCHE MARTHE, pendant les cinquante années où elle était confinée dans sa chambre, qui ait découvert chez elle quelque signe de déviance ou de vantardise.

Un petit détail personnel. Quand je suis arrivé au Séminaire de Cambrai en octobre 1944, j’ai choisi comme père spirituel le Père Etienne Guiot – qui accompagnait alors la plus grande partie des  séminaristes, mais jamais il ne nous parlait d’elle, et je pense que très peu de personnes du diocèse savaient qu’il était allé la voir.

Père Pierre Descouvemont

Article publié par Père François Triquet • Publié le Jeudi 04 février 2021 • 4123 visites

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