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13 décembre 2025 Notre-Dame de Paris
Robert Défossez : Portrait du cambrésien béatifié le 13 décembre !
Témoin de la foi au coeur de la Seconde Guerre mondiale, le Cambrésien Robert Défossez a vécu sa foi chrétienne jusqu’au don de sa vie.

 

2025-01-16-defossez-scout-1164105 2025-01-16-defossez-scout-1164105   Si vos pas vous mènent dans la rue de la porte Notre-Dame à Cambrai, au numéro 5, devant le magasin « Légende », un curieux pavé de métal est inséré dans le trottoir. Il a été réalisé par un artiste allemand Gunter Deming, à l’invitation d’élèves du Lycée Saint Luc soutenus par leur professeur d’Allemand. Il y en a 6 à Cambrai marquant l’habitation de cambrésiens déportés pendant la seconde guerre mondiale. Celui-ci porte le nom de Robert Défossez.

 

 

Né le 3 juin 1920 à Cambrai et baptisé en l’église St Géry le 13 juin 1920, ses parents sont commerçants primeurs et lui sera coiffeur. En 1939, il s’engage pour défendre son pays. Son frère ainé André étant marié et père de famille, c’est donc Robert qui s’enrôle bien qu’il soit fiancé à Alfreda.  Affecté au 194eme régiment d’artillerie lourde tractée de Bordeaux, il est fait prisonnier en mai 40 et interné à la citadelle d’Amiens. Grace à des conditions de détention souples, il y verra Alfreda, sa fiancée. On lui permet de s’éloigner avec elle le temps d’une promenade. Il aurait pu s’échapper mais respectueux de la parole donnée, il revient à l’heure fixée. Il voyait Alfreda pour la dernière fois.

 

Transféré dans un camp de prisonniers de guerre en Allemagne, il se retrouve au Stalag VI G à Duisdorf près de Bonn. Il y fait la connaissance de détenus scouts comme Raymond Louveaux et découvre le Scoutisme. Comme d’autres, il est affecté au Kommando 624 dans la région de Cologne où les prisonniers de guerre sont obligés de travailler dans l’usine de wagons de chemin de fer West-Waggon. Il y retrouve Raymond Louveaux et fait la connaissance de Jean Bernier, René Boitier, Jean Préhu, Robert Saumon, (autres futurs béatifiés).

 

Dès fin 40, un petit groupe de catholiques s’est formé. Sous l’impulsion de Roland Gallais, chef routier de Poitiers, ils se préoccupent de la propreté du lieu et organisent des loisirs : un groupe théâtral et un orchestre sont créés. Ils obtiennent la possibilité d’aller à la messe une fois par mois dans l’église voisine de Dentz. Une chorale est alors créée. Elle fait ses répétitions derrière le poste de garde après la prière du soir.

 

Le 5 mai 1941, l’aumônier, maintes fois réclamé, arrive. C’est l’abbé Harignordoqui, prêtre basque venant du Stalag VI F. La vie spirituelle au camp s’intensifie. La prière en commun a lieu tous les soirs. Un autel est construit pour la messe du dimanche accompagnée à l’accordéon. On passe de 10 à 70 personnes assistant à la messe. Le père reçoit individuellement en confession malgré l’interdiction des allemands. Des cercles d’études sociaux et religieux sont formés. Une troupe scoute est créée. Robert avec d’autres va prononcer sa promesse scoute.

 

Le 22 janvier 1942, il se marie civilement par procuration avec Alfreda avec la promesse de se marier religieusement à son retour de captivité. Son aumônier scout, le Père Harignordoqui l’assure qu’il viendra lui-même bénir son mariage. Robert entre à l’équipe Notre Dame de la Route.

La vie spirituelle au kommando 624 prend de l’essor :  en août 1943, sur 650 internés,100 personnes fréquentent les cercles d’études et 450, la messe dominicale. La chorale est composée de 100 participants. Les jeunes chrétiens du 624 rayonnent sur les autres kommandos.

Le 3 décembre 1943, un décret nazi est pris contre l’action catholique française parmi les travailleurs français en Allemagne. La vie chrétienne dans le kommando continue mais dans la discrétion. Dénoncé par un des prisonniers, Robert est arrêté en août 1944 avec plusieurs de ses camarades pour activités scoutes par la Staadtpolizei de Cologne, malgré la Convention de Genève. Après plusieurs jours d’interrogatoire violent, il est emmené à la grande prison de la Gestapo de Brauweiler comme ses camarades scouts et le Père Harignordoqui. Le commissaire nazi a déclaré au prêtre, lors de son interrogatoire le 15 août 1944 : « Il y a bien longtemps que nous voulions vous arrêter ; mais nous ne le pouvions pas à cause de la Wehrmacht. Maintenant à la suite de l’attentat contre Hitler, nous sommes les maîtres ; et tu comprendras ce qu’il en coûte de trahir l’Allemagne » (manuscrit du Père Harignodoquy, aumônier de l’Equipe Notre Dame de la Route » au Kommando 624 à Cologne, p.58).

 

Sur l’acte de condamnation de Robert, on trouve un mot : « Scoutisme ».

 

Le 17 septembre 1944, il est déporté à Buchenwald sous le matricule N°81813. Le 12 novembre 1944, il est transféré au terrible Kommando Langensalza dans une usine d’aviation Junkers où l’on travaille 24 heures sur 24. Il y retrouve Jean Préhu.  De cette usine, on lui avait dit : « Oh mon vieux, ne te casse pas la tête ! Dans 2 ou 3 mois, tu seras « crevé ». Nous sommes environ 4000. Chaque jour, il en meurt 30 ou 40. » (Missionnaires et martyrs, Armand Duval, ed. François-Xavier de Guibert p.195)

Epuisé, il est ramené au camp principal de Buchenwaild. Atteint d’une grave infection (double phlegmon à l’omoplate gauche) et d’un érésipèle au visage, il déclenche une septicémie. Il meurt le 17 janvier 1945. Son corps est brûlé dans un four crématoire le 19 janvier.

Robert Défossez fait partie des 50 jeunes scouts, jocistes, religieux, prêtres ou séminaristes qui ont témoigné de leur foi dans les camps, condamnés aux camps de la mort à cause de leur foi et de leur engagement, comme le Bienheureux Marcel Callo.

A un moment où les ténèbres du Nazisme couvraient une grande partie de l’Europe, il a fait partie de ceux qui ont porté la lumière par leur foi et leur service. Ils ont porté l’Evangile en enfer.

 

Les renseignements sont assez pauvres mais « rappelons-nous qu’il était sage de ne pas laisser traîner de papier susceptible de mettre en danger des camarades-, et puis, Robert, comme René Boitier, n’était-il pas de ces petits, de ces obscurs qui passent inaperçus dans un certain monde ?» (Armand Duval op. cité p. 194) ?Mais ils furent capable du plus bel héroïsme et de la plus grande sainteté.

 

Le procès de Béatification de ces cinquante martyrs de l’apostolat catholique est en cours depuis les années 80. La liste fut dressée après 1993. En 2005, aux Journées mondiales de la Jeunesse de Cologne, la liste fut diffusée. Mais le dossier était incomplet. D’autres recherches ont été faites et leur béatification aura lieu pendant cette Année jubilaire, le 13 décembre 2025 à la Cathédrale Notre Dame de Paris.

 

Que leur exemple nous aide à vivre notre foi malgré les difficultés.

 

Rédaction Père Éric Boutrouille

Article publié par ServiceCommunication • Publié le Mercredi 03 décembre 2025 • 23 visites

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