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19 . AU SECOURS DES EMMURES

 

Des signes avant-coureurs d’une évolution de la situation générale se manifestent au début de l’année. La Wehrmacht enregistre de sérieux revers sur le front de l’Est. Dans le bassin minier, les événements se précipitent à la fin avril. De violents bombardements, par l’aviation alliée, affectent les villes, les nœuds de communication et des voies ferrées des environs ; Busigny, Cambrai, Douai, Somain, Valenciennes.

Sans atteindre directement l’outil de production minière, ces incursions désorganisent le travail des Compagnies. Celui du fond est arrêté provisoirement car les Autorités allemandes réquisitionnent le personnel pour aller déblayer les dégâts occasionnés aux installations ferroviaires.

Les mineurs de Dechy sont envoyés par trains spéciaux au départ de Sin-le-Noble avec leur matériel, pour déblayer les ruines, en gares de Busigny et de Cambrai. Mais surtout ils portent secours aux victimes civiles emmurées dans les caves, à proximité de la station. Ceux de Waziers ou de Roost-Warendin sont dirigés pour réparer les voies de Douai et Pont-de-la-Deule. A Somain, le carnage est au paroxysme. Si les installations du triage, de la gare et des Usines de la Renaissance sont anéanties, une erreur de navigation fait que le centre de l’agglomération est en partie anéanti. Les hommes de Sessevalle et de l’Agache à Fenain sont obligés d’étayer les sorties de caves pour sauver les vies humaines. Ils n’arriveront pas, hélas, à remonter vivantes toutes les victimes. A Valenciennes, le scénario est identique avec le personnel de la Compagnie d’Anzin ; Bleuse Borne, Sabatier, Cuvinot, etc.

L’activité de toutes les fosses du bassin se résume désormais à un entretien journalier des installations du fond. La production est irrémédiablement arrêtée. Sur réquisition, tout le personnel : ingénieurs, contremaîtres (porions) et ouvriers, est envoyé sur les lieux des sinistres.

Les interventions donnent pourtant lieu à deux sortes d‘attitude. Quand il s’agit de réparer les voies ou dégager les installations susceptibles de remettre en route l‘activité ferroviaire, sous la surveillance de l’Entreprise Todt, le rendement est pour le moins « tempéré ». Quand il s’agit de sauver des vies humaines civiles, les mineurs ne ménagent pas leur peine, se relayant vingt-quatre heures sur vingt-quatre, au mépris des difficultés de toutes sortes et même de nouvelles attaques. C’est ce qui se passe, entre autres, au dramatique bombardement de Douai, le 11 août, qui voit des centaines de personnes ensevelies sous les décombres au Cinéma Omnia ou rue V Hugo. Ils vont travailler sans relâche pendant trois jours pour essayer d’extirper quelques rares survivants. 5620146 5620146  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La presse de l’époque ne manquera pas de souligner leur action déterminante.

Cependant une idée hante la corporation tout entière.

Le débarquement a lieu le 6 juin en Normandie. La Wehrmacht, disloquée, abandonne ses positions et remonte vers le Nord. Le bassin minier va-t-il revivre la catastrophe, connue quelques jours avant la Libération d’octobre 1918 ? Les mineurs entendent bien protéger leur outil de travail.

La grève générale est déclenchée le 25 août et les chantiers de réhabilitation des voies sont abandonnés. Des équipes sont formées pour occuper les carreaux et s’opposer, s’il y a lieu par la force, avec l’aide le la Résistance à tout sabotage des installations. Le retrait accéléré des forces d’occupation dans la région, dans une retraite ressemblant le plus souvent en une débandade incontrôlée, ne leur permet pas de réaliser à la destruction des puits et installations. Quand les anglo-américains arrivent, ils vont pouvoir passer devant des fosses intactes, dans lesquelles l’entretien n’a jamais cessé.

Après les quelques jours de liesse, le travail peut reprendre. Avec l’accord des syndicats, partie prenante dans les décisions qui sont prises, les mineurs recommencent à «dévaller » dans la première quinzaine de septembre. Cette fois, le fruit de leur travail sera bien le vecteur du relèvement de l’économie française. Toute la population sans chauffage attend avec impatience les premières tonnes. Elle risque de mourir de froid, à l ‘approche de l’hiver.

Il va falloir néanmoins patienter. L’activité quasi normale ne reprend qu’en décembre. Les mineurs sont tributaires des voies et du matériel de chemin de fer. Gravement atteints sur tout le réseau national, ils ne peuvent assurer l’écoulement des stocks de charbon qui encombrent les carreaux.

Avec cet épisode, une tranche d’histoire de la Mine se tourne après deux siècles d’exploitation intensive. Un nouveau Statut des Compagnies minières est en train de s’élaborer au niveau gouvernemental à l’intention du personnel. Une nouvelle ère s’ouvre avec la Nationalisation des Houillères.

Article publié par Michel Dussart • Publié le Jeudi 11 octobre 2007 • 5316 visites

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