(Lire l'évangile : Jean chapitre 18 et Jean chapitre 19)
Portant sa croix
Sur le rude chemin du Golgotha, Jésus n'a pas porté la croix comme un trophée ! Il ne ressemble en rien aux héros de nos imaginations qui terrassent glorieusement des ennemis maléfiques.
Pas après pas, il a marché, le corps toujours plus pesant et plus lent. Il a éprouvé sa chair entamée par le bois du supplice, les jambes qui défaillent sous la charge.
Génération après génération, l'Église a médité ce chemin jalonné de trébuchements et de chutes. Jésus tombe, se relève, puis retombe, reprend la marche épuisante, probablement sous les coups des gardes qui l’escortent, puisque c'est ainsi que sont traités, maltraités, les condamnés en notre monde.
Celui qui a relevé les corps grabataires, redressé la femme courbée, arraché à son lit de mort la petite fille de Jaïre, remis debout tant d'accablés, le voici aujourd'hui effondré sur le sol poussiéreux.
Le Très Haut est à terre.
Fixons le regard sur Jésus. Par lui, le Très Haut nous enseigne qu’il est aussi, ô stupeur, le Très Bas, prêt à descendre jusqu’à nous, toujours plus bas s’il le faut, de sorte qu’aucun ne se perde dans les bas-fonds de sa misère.
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Seigneur, notre Dieu, tu descends au fond de notre nuit,
sans mettre de limite à ton humiliation,
puisque c’est, en elle, que tu rejoins la terre
souvent ingrate, parfois dévasée, de nos vies.
Donne à ton Église, nous t’en supplions, de témoigner
que le Très Haut et le Très Bas sont un seul visage en toi.
Donne-lui de porter à tous ceux qui tombent la nouvelle de l’Évangile :
aucune chute ne peut nous soustraire à ta miséricorde.
Il n’existe aucune perte, aucun abîme qui soient trop profonds
pour que tu ne puisses retrouver celui qui s'est égaré.
Anne-Marie Pelletier (chemin de croix au Colisée, 14 avril 2017)