TEMOIGNAGE DE PETITE SŒUR MARIE JERÔME
Petite Sœur, comment as-tu perçu l’appel du Seigneur à la vie religieuse ?
Je suis issue d’une famille catholique, j’ai été baptisée à 5 jours et en famille j’ai été témoin de la foi de mes parents, de mes frères et sœurs (je suis la 5e de la fratrie).
Je peux dire en 3 étapes l’histoire de ma vocation :
- J’ai été marquée bien sûr par mon baptême. Cela a été une question d’abord que j’ai posée au Seigneur vers 10-12ans. Je me souviens bien de l’église de mon village et l’endroit où j’étais. J’étais toute seule, car j’aimais bien aller prier à l’église.
Donc j’ai dit : « Seigneur, tu m’as donné la vie par mon baptême. Dis-moi ce que tu attends de moi, et ce que je dois faire. »
Le temps a passé…
- Vers 10-11 ans j’allais à l’école en ville et avec la classe on allait une fois par mois à l’église de Maubeuge Saint Pierre -Saint Paul qui est encore actuelle pour le sacrement de réconciliation,. Elle était toute nouvelle et dans le chœur, il y avait une phrase écrite, en lettres d’or, une phrase de Saint Jean qui disait : « Si quelqu’un m’aime, mon père l’aimera, nous viendrons à lui et nous ferons chez lui notre demeure. »
Cette phrase m’a vraiment marquée, en lien avec mon baptême … C’est une phrase forte : « Si quelqu’un m’aime, mon père l’aimera, nous viendrons à lui et nous ferons chez lui notre demeure. » c’est resté gravé dans mon cœur.
Puis j’ai continué à travailler. Je travaillais à la ferme avec mes parents
- Et puis, vers l’âge de 18 ans, ma sœur ainée qui a accouché à la maternité catholique m’a dit « Il y a des jeunes filles qui vont faire un stage ; tu devrais y aller, pour apprendre à t’occuper des enfants, des mamans et puis pour te former pour ta vie future. » Alors j’ai dit « Pourquoi pas ?!». Je me suis inscrite, pour le mois d’août à Cambrai. Et là, j’aimais bien aller prier et j’allais à la messe le matin avec les Petites Sœurs. Puis je me rendais compte qu’elles étaient déjà là. Cela m’inquiétait… Alors tous les jours j’avançais un petit peu dans l’horaire, et je les trouvais toujours à la chapelle… Alors j’ai fait pareil et pendant mes temps libres dans la journée, j’allais prier. Et puis j’étais dans le service, j’apprenais à m’occuper des enfants, des mamans… et vraiment j’étais très touchée : cette alternance entre prière, travail. On démarrait la journée par la prière, par la louange du Seigneur avec les laudes, et puis ensuite l’eucharistie. On recevait Jésus dans notre cœur et après on allait le porter dans notre travail. Et puis après il y avait d’autres temps de ressourcement, à midi, et dans l’après-midi, on pouvait prendre un temps d’adoration… Tout notre travail était imprégné et cela nous portait à faire chaque petite chose avec amour… et le soir, avec les vêpres, on avait la louange, on remettait tout au Seigneur. Voilà, cela me satisfaisait totalement…
Comment ont réagi tes parents et ta famille à ta vocation ?
Et bien, justement, je me suis posé la question : comment je vais l’annoncer à mes parents ? Alors je me suis dit : « Je vais écrire une lettre toute de suite, et ils la recevront avant que je revienne à la maison. » C’est ce que j’ai fait. Ils sont venus me rechercher. Après, j’étais rentrée mais ils ne me parlaient pas de la lettre… Alors j’ai dit « Vous n’avez pas reçu une lettre ? » « Si si, si si… » « Et alors ?.. » « Ben ce n’est pas parce que tu t’es plue un mois, que tout s’est bien passé avec les Petites Sœurs à la maternité, qu’il faut t’emballer comme ça et partir sur un coup de tête… Il faut réfléchir avant. » Et bien, moi cela m’a beaucoup marquée. Je pensais rentrer en octobre, donc j’ai retardé mais cela m’a quand même fait réfléchir. Je me suis dit « Ils sont sages mes parents. » J’ai continué à garder contact par ma sœur ainée (j’allais chez ma sœur et donc passais de temps en temps à Cambrai).
Je suis donc rentrée après au mois de mars. Et là, c’est tout, mes parents n’ont pas fait obstacle : ils m’ont emmenée pour rentrer au postulat.
Et depuis toutes ces années, pas de regrets ?
Aucun, vraiment aucun !
Durant mon stage, une Petite Sœur un jour, me voyant aller prier comme cela, m’a posé comme question « Vous n’avez jamais pensé à la vocation religieuse ? » Et spontanément, comme poussée par l’Esprit Saint, j’ai répondu « oui ! ». Mais en fait, je n’y avais jamais vraiment pensé plus que ça… mais c’était pour moi comme une réponse du Seigneur… Il me donnait la réponse… Je sens vraiment intérieurement ce « oui ! » qui est parti et c’était pour toujours. Je ne suis jamais revenue dessus. Bien sûr, il y a des moments difficiles, plus lourds à porter mais toujours je me suis réfugiée à la chapelle, et à genoux près de la croix, je regardais vers le Seigneur. Là, je voyais tout l’amour qu’Il m’avait donné et qu’Il avait donné pour nous tous, pour chacun de nous en mourant sur la croix… Et là, je pleurais un coup et puis je repartais dans la paix. Voilà, c’est toujours là que je me suis réfugiée, aux pieds du Seigneur, au pied de la Croix.