Lors d’une visite de solidarité au chrétiens de « Terre Sainte ", fin avril, à l'initiative de l'hebdomadaire " la vie ", Mgr Michel Sabbah patriarche latin de Jérusalem, Mgr Butrous Mouallem évêque melkite de Galilée, et nos autres interlocuteurs prêtres ou laïcs, nous ont tenu le même langage.
Ils nous ont dit leur souffrance de se sentir abandonnés de l'Eglise de France, de notre peu de réactions lors du siège de la basilique de Bethléem, de notre indifférence.
Est-ce la complexité et notre lassitude de chercher à comprendre ? Est-ce notre méconnaissance des chrétiens d'Orient ?
Est-ce frilosité devant ce qui apparaît politique et notre propension au juste milieu ?
Est-ce la peur d'être taxé d'antisémitisme ?
A nous de répondre !
Ils ont fait le choix de la paix. Et au-delà des clichés tenaces sur leurs divisions ils y travaillent ensemble, toutes confessions confondues, dans un œcuménisme vivant et efficace. Mais s'ils refusent kamikazes et fanatisme, 95 %d'entre eux sont Palestiniens Avec Jean Paul II et les Nations Unies, ils demandent pour eux et pour leur peuple une paix dans la justice.
J’ai pu mesurer quel abîme nous en sépare aujourd'hui ! Ne serait-ce que par ces chapelets de colonies, dont le nombre a doublé depuis et malgré Oslo et qui reliées par des autoroutes interdites aux palestiniens, cancérisent peu à peu le pays. Ou ces destructions systématiques des richesses, des moyens et de la mémoire de ce peuple, comme c'est arrivé à Jenine, Ramallah et Bethléem...
Ces frères chrétiens sont parmi les mieux placés pour aider à la paix dans un pays où tous devront un jour cohabiter. Arabes sans être musulmans, Orientaux sans être séparés, Israéliens sans être Juifs, c'est providentiel. C'est notre mission et notre croix d'être un pont entre tous" nous a dit le père Elias Chacour qui, à Ibillin, rassemble dans les mêmes écoles étudiants et professeurs chrétiens, juifs et musulmans. Mais ils n'en peuvent plus du sort qui leur est fait... Prisonniers de leurs villages ou quartiers au nom au nom de la sécurité d'Israël, ils ont pour beaucoup perdu tout moyen économique de subsister. Ils émigrent. Depuis 1967, ces Eglises ont perdu la moitié de leurs membres.
Quand cette petite Eglise aura disparu (150 000 personnes, toutes confessions confondues) il ne nous restera là-bas que des pierres mortes et des sites archéologiques.
Pourtant comme le disait le Père Henri Madellin , " ces communautés chrétiennes de culture et de langue arabe, ne sont-elles pas infiniment précieuses pour l'avenir des relations islamo-chrétiennes et l'avenir de la paix ?"
Les véritables Lieux Saints ce sont ces hommes souffrants et ces communautés vivantes héritières de ces Juifs, Arabes et Galiléens présents à la Pentecôte et qui nous ont engendrés dans la foi.
Leur appel est celui-ci
« Ne laissez pas nos communautés chrétiennes mourir dans le silence et l'indifférence.. Faites entendre notre voix, ouvrez-nous vos médias, invitez-nous chez vous !.
Venez-nous visiter. C'est possible [à aucun moment nous n'avons été en danger]. et c'est économiquement nécessaire [notre chauffeur n'avait pas conduit de car depuis un an et demi].
Soutenez nous financièrement car nous n'avons rien. Et ne nous tuez pas avec des arguments bibliques.
Dieu ne tue pas .
Puissent les chrétiens de France et nos évêques entendre leur appel.
Il est plus que temps.