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A propos d'Halloween

Dans la confusion médiatique, il devient aujourd'hui difficile de s'y retrouver entre la Toussaint, Halloween et la fête des morts...

halloween halloween   Entre Toussaint et Halloween

Oser une parole catéchétique

Dans la confusion médiatique, il devient aujourd’hui difficile de s’y retrouver entre la Toussaint, Halloween et la fête des morts. Le passage du mois d’octobre à novembre est toujours l’occasion de sortir de la monotonie d’un trimestre long et fatigant. Mais au fait, ce quoi s’agit-il ?

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Quelques repères historiques :

Halloween ne date pas d’aujourd’hui, ni même d’hier ! L’intuition de cette fête date de plus de 2500 ans puisque les Gaulois célébraient, dans la fête du Samain, la fin de l’été et le passage de la lumière à la ténèbre de l’hiver. Le monde des morts et des fées servait de canal pour accueillir la nouvelle année, la nuit et le froid. Ce rite de passage était l’occasion d’une grande fête où les repas, les boissons et les déguisements étaient présent partout.
Au IVème siècle, la Toussaint fait son apparition chez les Chrétiens, symbolisant la victoire du Christ dans la vie de nombreux martyrs, morts pour leur foi. Et c’est seulement au IXème siècle que la fête des morts se célèbre le 2 novembre, au lendemain de la Toussaint.
Halloween émerge donc de la fusion gauloise du Samain et de la Toussaint : c’est la fête qui rassemble tous les chrétiens, vivants et défunts, ouverte sur l’espérance de la vie auprès de Dieu après la mort…

Et aujourd’hui ?…

Le passage d’Halloween vers l’Amérique a considérablement dynamisé et popularisé cette ancienne fête religieuse, si bien qu’à la fin du XIXème siècle, Halloween devient une fête nationale aux Etats-Unis, devenant plus populaire que Noël. Comme nos ancêtres, les Gaulois, les jeunes Américains se déguisent et font la fête, s’identifiant tantôt à des sorcières, tantôt à des fantômes et utilisant la lumière dans une citrouille pour braver le soir et la nuit. Même si l’intuition du passage de la lumière aux ténèbres, de la vie à la mort, est la même qu’auparavant, cette fête est devenue une fête de magie, de mystère où les enfants ont tous les droits.
L’hyper médiatisation de cette fête par le cinéma, les magazines de jeunes et les supermarchés a fait de cette fête le haut lieu festif du 1er trimestre scolaire. Pendant quelques jours, maquillages et costumes deviennent les héros de jeux et de rencontres où les enfants (et souvent les plus âgés !) deviennent les rois de la nuit.
La France retrouve ainsi aujourd’hui ses traditions ancestrales « américanisées » et, pour les chrétiens, un malaise s’installe : que ce soit en catéchèses ou dans les groupes de jeunes, on ne sait plus expliquer la fête des morts et la Toussaint, préférant laisser aux enfants et aux jeunes la joie de raconter la dernière ballade nocturne dans les rues du quartier.
Alors, que faire ? Interdire Halloween pour revenir aux « vraies » fêtes chrétiennes ? Abandonner l’idée de la Toussaint et de la fête des morts, préférant la joie des enfants ?

Quelques pistes pastorales de réflexion et d’action…

Comme pour toute mode lancée et amplifiée par les médias, l’animateur ne peut pas, sous prétexte que cette fête n’a pas l’air chrétienne, s’interdire d’aborder le sujet. Il faut peut-être, au contraire, partir de ce que vivent les jeunes dans cette fête pour arriver doucement à proposer une compréhension chrétienne des symboles utilisés pendant Halloween. On peut, par exemple, demander aux jeunes la signification des déguisements portés : pourquoi des fantômes et des squelettes ? Pourquoi des masques ? On peut aussi discuter sur la bougie qui sert de lumière dans la nuit.
Peu à peu, quelques passages de l’Evangile peuvent éclairer ce débat : quand le Prologue de saint Jean parle du Christ comme la « vraie lumière » (Jn 1, 9) ou encore « Vous êtes la lumière du monde » (Mt 5, 14) ; ou quand le psaume 139, verset 12 dit « La ténèbre n’est point ténèbre devant toi ; la nuit comme le jour est lumière » (refrain bien connu de Taizé !).
On peut donc recentrer sur le Christ, lui le vainqueur de la mort.
On peut aussi faire de Halloween une occasion de rendre un culte aux saints et une pensée toute particulière aux personnes défuntes. On peut même aller jusqu’à faire un petit temps de prière pendant lequel chaque jeune viendrait déposer un lumignon allumé près de la croix ; chaque lumignon représenterait une personne proche, défunte, ou un saint que l’on apprécie. Chaque jeune retrouverait ainsi le sens de la communion avec le ciel par l’intermédiaire de la lumière. La liturgie redevient donc ainsi ce qu’elle doit être : un vaste mouvement où l’homme se rend présent à Dieu et où Dieu se rend présent à l’homme par le Christ, le Médiateur et la Lumière, et dans l’Esprit qui fait tomber tout masque.

Bref : ne posons pas l’anathème sur cette fête ! Cherchons plutôt, dans cette occasion de rassemblement pour les enfants et les jeunes, à nous servir de ce rite pour créer une ouverture, un échange entre les jeunes, et pour se tourner peu à peu vers le Tout-Autre.

Article publié par • Publié le Lundi 21 octobre 2002 - 23h04 • 3862 visites

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