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Dieu ne peut qu’aimer... Taizé-Paris 2002

Comme chaque année depuis 25 ans, Frère Roger nous a donné rendez vous dans une des capitales européennes pour faire une pause. C'était du 28 décembre au 1er janvier. Paris et l'île de France allaient devenir pour des milliers de jeunes...

Porte de Versailles Porte de Versailles   ... Un lieu de ressourcement et de rencontres !
Etonnant me direz vous ?
Quand on voit les moyens mis en oeuvre pour accueillir, loger gratuitement ces 80000 jeunes venus des quatre coins du monde et comment ces halls d'exposition sont devenus en quelques jours une seconde colline de Taizé, tout était alors possible....

Arrivées le vendredi soir, nous (Isabelle, Maria Térésa, Marie-Aude, Sr Francelyne et moi) sommes accueillies par les sœurs Augustines Hospitalières de L’hôpital Notre Dame de Bon Secours et rattachées à la paroisse St Pierre de Mont Rouge.

Samedi 28 décembre, après l’Eucharistie vécue avec les sœurs de la communauté, nous nous rendons porte de Versailles pour l’enregistrement, déjà des dizaines de bus déposent des milliers de jeunes roumains, polonais, russes, allemands, slovènes…
Le ton est donné, à pieds, en métro, en bus, nous débarquons tous pour un pèlerinage de confiance sur la terre !

Seuls 2400 français sont attendus et le jeune de RMC info qui nous interviewe à la sortie du hall 2 s’en étonne. Une tentative de réponse est donnée lorsque nous lui donnons le prix demandé pour ces 4 jours 80€ (sans compter le transport !)pour les – de 30 ans et 160€ pour les adultes (le prix est différent selon les pays, il est par exemple de 15€ pour les pays de l’Est).

Alors que de tout Paris arrivent encore des dizaines de milliers de jeunes pour s’inscrire, nous quittons la Porte de Versailles et nous rendons à Notre Dame où nous assistons à la répétition de la messe télévisée du dimanche.

Nous regagnons le parc des expositions pour la prière de 19h. Les différents halls sont reliés entre eux, ainsi Frère Roger peut être entendu quel que soit le lieu où il se trouve ! Voici ce qu’il nous dit :

« Depuis des années, nous poursuivons un pèlerinage de confiance sur la terre, et le meilleur de nos vies ne se construit-il pas dans une confiance renouvelée ?
Mais voilà, que parmi les jeunes générations, beaucoup se demandent : existe-il une espérance pour le futur ? Comment ne pas se décourager ?
Il est vrai que nos sociétés sont ébranlées, tant de ruptures blessent nos cœurs.
Il est essentiel de ne jamais oublier, pour ne pas être tenu par l’inquiétude et aller de l’avant, l’Evangile porte en lui une si belle espérance que nous pouvons y trouver une joie de l’âme.

Pendant ces jours nous allons chercher les sources de la confiance, de l’espérance et de la joie et nous préparons à construire la route de notre avenir.
Nous devons tout faire pour rendre l’espoir à tous ces jeunes privés de perspectives d’avenir. Les sources de l’espérance, nous les découvrons dans une humble prière, un tête à tête avec Dieu et étape par étape, on grandit.
L’Esprit Saint invisible, vibre en chacun de nous, il est un soutien et une consolation. »

Méditation de Frère Roger : « Dieu de tendresse où que nous soyons ton amour pour chacun d’entre nous ne s’en ira jamais »

Dimanche 29 décembre : chacun est invité à participer à la messe dans sa paroisse de rattachement, nous nous rendons donc à St Pierre de Mont Rouge où 450 autres pélerins sont attendus. La célébration est internationale puisqu’elle est concélébrée avec un prêtre polonais, un italien, un allemand et un slovène.

L’après-midi, chacun avait dû faire le choix d’un thème entre 20 proposés.
Ces carrefours basés sur un premier temps de témoignage permettaient ensuite le débat. Ils étaient d’une grande variété et le choix fut difficile.

Notre groupe se scinde en deux les uns se rendent à l’hôtel de ville pour « s’engager dans la cité », les autres vont à l’église de Vaugirard pour « un défi d’Evangile : aimer ses ennemis ».

Isabelle et moi, nous rendons à la mairie de Paris pour assister à un échange politico-chrétien mené par Frère Luc. Ses deux invités sont un jeune français de 28 ans, Jean-Charles assistant d’un parlementaire et un italien de 39 ans, Ludgi adjoint au maire d’une ville de 30000 habitants.
Voici ce qui en est ressorti :

Jean-Paul II a dit « la politique c’est le champ le plus vaste de la charité »
Nos témoins nous expliquent qu’il faut aimer le monde et ses habitants tels q’ils sont et pas comme on voudrait qu’ils soient.
La politique invite à se compromettre mais il n’y a pas de politique chrétienne simplement une façon chrétienne de faire de la politique.
Pour un chrétien, la politique c’est :
- faire le bien commun
- avancer dans le dialogue et la rencontre

La foi est un moteur précieux pour tenir face aux difficultés et tensions qu’engendre la vie politique. Prière et relecture de vie aident à relier les objectifs que l’on se donne et aident aussi à être plus fort pour rendre l’espérance à ce monde.
Le chrétien n’est pas un surhomme et ne pourra pas tout résoudre mais chacun avec ses dons, essaie de faire ce qu’il peut."

16h30 : les ateliers se terminent, il est temps de rejoindre la porte de Versailles pour la distribution du repas. Le problème c’est que tous (80 000 personnes) se dirigent vers le même endroit quasiment en même temps, les couloirs du métro ont des allures d’invasions jmjistes. C’est beau mais chaud !

A la sortie, nous rencontrons un groupe de douaisiens venus passés le week-end sur la colline parisienne !
Nous nous rassemblons de nouveau autour de frère Roger et du cardinal Jean-Marie Lustiger qui nous dira ceci :

« Dieu nous aime, vous aime, il vous a choisis pour que vous deveniez frères et sœurs en Christ. Dieu est Amour et cet amour est la vie des hommes, cet amour est notre vie. Jésus nous donne le secret de l’Amour :

  • Aimer c’est se réjouir que l’Autre existe et qu’il vive.
  • Aimer c’est aimer l’Autre pour lui-même et non pour mon plaisir.
  • Aimer c’est accomplir pour chaque être humain ce que Jésus a fait pour moi, donner sa vie.
  • Aimer c’est une joie d’accomplir, de donner et non de recevoir.
    Jésus nous donne sa joie parce qu’il nous donne le Pardon de nos peurs d’amour, de nos trahisons. Lorsque nous aimerons nos ennemis viendra en nous le royaume de Dieu.

    L’Europe continue de se rassembler, et vous en êtes les témoins, vous êtes les messagers que le Christ envoie, vous êtes les dépositaires de son seul trésor : l’Amour, partagez les richesses que Dieu vous à confier, Jésus est avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde.
    Méditation de Frère Roger : « Bénis-nous, Dieu de miséricorde, toi dont l’amour vient rendre notre âme à la vie »

    Nous rentrons à pieds puis que le métro est de nouveau inaccessible !

    Lundi 30 décembre : la prière du matin est dite dans la paroisse de rattachement avec tous les fidèles qui le souhaitent puis les 450 jeunes sont répartis dans des groupes pour partager autour « l’espérance se renouvelle quand… » De nouveau nous rencontrons des témoins. Notre groupe composée de 8 polonaises et 5 françaises a la joie d’accueillir Sr Jean-Gabrielle, religieuse trinitaire et Priska une novice. Par le mime et grâce à l’anglais nous partageons sur ce qu’est pour nous l’Espérance, l’importance des Autres et l’Amour de Dieu.

    Nous regagnons une nouvelle fois la porte de Versailles pour le repas et la prière de 13h30. L’après- midi nous amène à réfléchir sur le combat que nous menons avec Dieu grâce au tableau d’Eugène Delacroix sur le combat de Jacob dans l’église de St Sulpice. C’est frère Jean-Marie qui gère ce thème et il nous invite à en discuter en petits groupes de 6. Ce sont des russes qui partagent notre réflexion et avec qui nous échangerons nos adresses. La conclusion de ce travail artistique et spirituel : Dieu travaille en nous avec nos qualités et aussi nos complexités !

    De nouveau, cohue dans le métro avant d’arriver au hall 3 où se fait la distribution des pique-niques.
    En nous rendant à la prière nous croisons un groupe d’Arras en compagnie de leur évêque Monseigneur Jaeger que nous saluons.

    Méditation de Frère Roger « Dieu nous rejoints toujours jusque dans nos humaines fragilités »
    La prière s’achève autour de la croix.

    Mardi 31 décembre et mercredi 1er janvier : La prière démarre dans les paroisses et se poursuit en petit groupe autour de « une paix se prépare sur la terre… ». Nos témoins sont Colette et Claudine qui appartiennent aux communautés de Foi et Lumière, mouvement créé par Jean Vanier et Marie-Hélène Mathieu. Jean-Paul II en a dit « une des vocations de Foi et Lumière est de faire sentir à la personne handicapée qu’elle n’est jamais ni seule ni inutile » Colette est animatrice d’un groupe de Foi et Lumière, Claudine est handicapée et nous dit combien son appartenance à Foi et Lumière l’a aidée à surmonter la peur et le regard des autres. Après un temps de partage riche en émotions, il est temps de rejoindre la porte de Versailles pour la prière et le repas !

    Nous regagnons ensuite la communauté qui nous accueille pour nous reposer avant la veillée prévue ce soir pour la paix, mais c’est un autre témoin qui nous attend, Sr Maria Paz. Habitant à la communauté depuis un an, elle est à Paris pour écrire un livre et apprendre le français. Espagnole, elle est directrice d’une école de 1800 élèves regroupant des jeunes de 3 à 18 ans à Madrid et a vécu 21 ans en Colombie auprès des plus pauvres. Elle nous croise dans un couloir et nous demande comment se déroulent nos journées. Nous l’invitons à se joindre à nous pour le goûter et nous l’amenons peu à peu à nous parler de sa vie et quelle vie !

    Le passage le plus bouleversant reste celui de l’assassinat des 7 moines de Tibbérine , elle était en Algérie à l’époque et avait même été invitée à passer quelques jours avec eux, elle avait refusé mais promettait d’y aller plus tard et c’est ce soir là qu’ ils furent enlevés.

    Nous l’aurions écouté encore des heures mais il nous faut nous rendre porte de Versailles pour une dernière fois pour le repas et la prière.
    Méditation de Frère Roger « Bénis-nous Dieu de Paix, affermis nos cœurs dans la confiance que tu portes à tout être humain. »

    Notre groupe décide ensuite de se rendre à Notre Dame pour la veillée pour la paix. Elle a lieu à 23h mais pour avoir une place il vaut mieux arriver bien avant ! Pendant près d’une heure des chants et intentions sont proclamés dans toutes les langues pour que cette nouvelle année soit signe de paix pour toutes les nations.
    Plusieurs prêtres dont Guy Gilbert sont présents et prient avec les milliers de jeunes présents dans la cathédrale.

    A minuit, le recteur annonce la fin de l’an de grâce 2002, et fait résonner le bourdon (la plus grosse cloche utilisée que pour des occasions exceptionnelles) de la cathédrale pour accueillir la nouvelle année. C’est sous les applaudissements que chacun s’embrasse et se souhaite une bonne année, sur le parvis, la joie se lit sur les visages, et c’est autour de cookies taizéens que nous fêtons cette nouvelle année !

    Sur le chemin du retour, les gens que nous croisons sont heureux et tous se saluent d’une « bonne année ».

    Après une courte nuit, nous nous levons pour faire nos sacs et nous rendre à la basilique de Montmartre pour l’Eucharistie animée par les bénédictines du Sacré Cœur de Montmartre.

    Nous partageons le repas du nouvel an avec la communauté des sœurs augustines hospitalières puis regagnons la gare du Nord pour rejoindre nos familles respectives en soirée.

    Dans le train, malgré la fatigue nous revivons les grands moments de notre épopée parisienne-taizéenne et souhaitons vivement pouvoir revivre cela l’an prochain !

  • Article publié par Dorothée QUENNESSON • Publié le Jeudi 02 janvier 2003 - 20h05 • 6283 visites

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