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REVUE EGLISE DE CAMBRAI

EDITORIAL DE Mgr François GARNIER

NOTRE DAME DE LORETTE – le 15 mars 2003
Cinq jours avant la GUERRE.....
PRIERE POUR LA PAIX
avec tous les évêques de la province ecclésiastique de Cambrai


« Qui nous délivrera de la servitude de la guerre ? »

C’est la question que pose le Catéchisme de l’Église Universelle, voulu par le pape Jean-Paul II, paru dans sa version française il y a un peu plus de dix ans.
« Qui nous délivrera de la servitude de la guerre ? »


J’ai lu et relu ce catéchisme.

On y trouve :

§ un objectif à atteindre :

la constitution d’une autorité internationale compétente et disposant de forces suffisantes pour... imposer partout la paix...Il y a 40 ans, dans l’encyclique « Pacem in Terris », le bon pape Jean XXIII appelait les hommes à réaliser le temps où la guerre serait proscrite en excluant jusqu’à son hypothèse. Moyennant la constitution de cette « autorité publique à compétence universelle » dont chacun voit bien qu’il ne faut sûrement pas l’affaiblir.

§ un refus :

celui d’attaquer, alors qu’on ne l’est pas. C’est dire la non-légitimité des guerres préventives.

§ un droit :

celui de se défendre en cas de légitime défense, à quatre conditions :

1)que le dommage infligé par l’agresseur soit grave, durable et certain ;
2)que tous les moyens pacifiques d’y mettre fin se soient révélés inefficaces ;
3)que soient réunies les conditions sérieuses de succès ;
4)que l’emploi des armes n’entraîne pas des maux plus graves que le mal à éliminer.

§ trois devoirs :

1)celui de respecter ceux et celles qui – en conscience – refusent de porter les armes – lesquels restent tenus de servir leur pays sous une autre forme – civile celle-là ;
2)celui de traiter avec humanité les soldats ennemis, les prisonniers et les populations civiles ;
3)celui de résister aux ordres qui commanderaient un génocide ou l’utilisation d’armes atomiques, biologiques ou chimiques.

§ une série de vigilances :

– la course aux armements n’assure pas la paix. Loin d’éliminer les causes de guerre, elle en aggrave les effets ;
– de plus, on produit des armes pour les vendre, et pour en vendre, il faut bien, malheureusement, qu’elles servent ;
– par ailleurs, le coût fabuleux des armes freine considérablement le développement des peuples et la lutte contre la faim ;
– enfin, les injustices trop grandes, en particulier l’exploitation des richesses des pays pauvres au profit des nations riches, sont la cause majeure des violences.

Alors, pourquoi prier, pour qui prier, pour quelles causes s’engager ce soir ?

1 – Je prie pour l’ONU et ses responsables, si fragiles et si nécessaires. Pour que les vrais croyants en construisent patiemment la force. Je n’oublie pas les centaines de résolutions courageuses qu’elle a prises et qui n’ont pas été suivies d’effets. Et je suis sûr que si tous les pays du Proche Orient et Moyen Orient lui avaient obéi, nous n’en serions pas là.

2 – Je prie pour toutes les victimes civiles de toutes les guerres, et, devant la crainte de la guerre annoncée, pour les populations de l’Irak trois fois meurtries depuis plus de 12 ans, par un dictateur dangereux, par un embargo injustifiable et sans cesse dénoncé par le pape Jean-Paul II, et par un état de guerres et de violences qui semble sans fin.

3 – Je prie pour les Chefs d’État. Pour ceux qui suivent le nôtre et ceux qui suivent celui des États-Unis. Parce que, à eux tous, les uns par la patience diplomatique et les autres par la pression armée, ils atteignent leurs objectifs. Je prie pour que les deux pressions continuent de gagner la paix, en « espérant contre toute espérance » que la guerre n’éclate pas.

4 – Je prie pour que les grandes puissances n’exploitent plus jamais, d’abord à leur profit, les richesses naturelles des pays plus pauvres, qui en ont le plus grand besoin pour leur propre développement.

5 – Je prie pour nous : afin que notre prière de ce soir ne soit pas hypocrite. Pour que nous soyons lucides sur ce qui reste en nous de mépris ou d’oubli. Pour que nous devenions des artisans inlassables de la paix que Dieu nous confie. Pour que nous ne nous servions jamais de Dieu pour justifier ou bénir nos violences. Pour que nous trouvions dans le Christ de quoi renoncer à toute haine, de quoi pardonner à qui nous fait du mal, et la ténacité qu’il faut pour être avec ceux qui travaillent à une plus grande justice et une plus grande solidarité entre les peuples.
François GARNIER
Archevêque de Cambrai

Article publié par Michel Dussart • Publié le Vendredi 21 mars 2003 - 18h19 • 3485 visites

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