retour  Année 2004 -  Église Catholique -  Diocèse de Cambrai
account_circle

Tombeau vide de mort et Vierge pleine de Vie

Edito du 31 mars 2004

 

     Le titre peut surprendre. Il est pour moi infiniment respectueux et je veux l'expliquer. J'ai longtemps buté sur les deux signes les plus étranges dont parlent les Évangiles, une vierge mère (Luc 1, 31-35 ; Matthieu 1, 25), et une tombe vide (Matthieu 28, 1-15 ; Marc 16, 5-8 ; Luc 24, 2-3 ; Jean 20, 2-9). J'ai entendu les sarcasmes et les doutes à leur évocation : ils m'ont longtemps troublé. Jusqu'au jour où j'ai compris qu'il fallait sans doute les relier pour en dénouer le sens. Comme par hasard, ils se trouvent aux deux moments les plus étonnants de ce qu'on appelle l'Incarnation de Jésus, lorsque l'Éternel se glisse dans le temps sans le faire éclater et lorsqu'il en sort sans l'abandonner. Lorsque le ciel touche la terre et que le Fils de Dieu prend corps en la Vierge Marie. Lorsque la terre touche le ciel et que Jésus ressuscité retrouve pour toujours "le rang qui l'égale à Dieu" (Philippiens 2, 6).

     J'aime ce Dieu qui, en deux clins d'œil majeurs, vient nous surprendre avec humour dans ce que nous croyons savoir de plus sûr, aujourd'hui comme au temps des apôtres : une vierge ne donne pas la vie et un mort ne sort pas de sa tombe. Et Dieu le fait sans jeter le moindre soupçon sur l'amour charnel vécu par les époux, ni prendre à la légère l'épreuve de la mort.

     Pourtant, le Nouveau Testament n'hésite pas à révéler ces deux "signatures" de Dieu ! Avec la première, la maternité virginale de Marie, c'est comme si Dieu nous disait : "Tu crois savoir d'où vient la vie, de la rencontre charnelle de tes parents ? C'est vrai mais un peu court : la vie vient de plus loin qu'eux. Elle vient plus de ce Dieu qui t'aime que de tes parents." Ce que ressentent très bien la plupart des jeunes époux quand ils s'émerveillent devant l'enfant qu'ils tiennent dans leurs bras pour la première fois. Avec la seconde, la tombe vide, c'est comme si Dieu nous disait : "Tu crois savoir ce qu'est la mort, et la disparition à jamais de celui ou de celle qui s'en va dans la tombe ? C'est apparemment juste mais vraiment trop court : ta vie va bien plus loin que ta tombe ; elle va jusqu'à ce Dieu qui t'aime. Encore laisserais-tu ta vieille peau dans la terre, tu es fait pour une vraie vie sans fin…"

 

     Alors, vivement la veillée pascale, la première de toutes les célébrations de l'année liturgique, pour que nous allions tous ensemble encore plus au cœur de la foi !

 

 

@ François GARNIER

Archevêque de Cambraimgr

Article publié par Secrétariat DIOCESAIN • Publié le Jeudi 01 avril 2004 - 12h13 • 4607 visites

keyboard_arrow_up