Saint-François plus actuel que jamais
En 1212, François d'Assise, qui n'est pas encore saint, n'a d'yeux que pour l'Orient. Il rêve de convertir les infidèles : c'est ainsi qu'on appelait les musulmans ; de les convertir, quitte à risquer le martyre.
Il s'embarque, mais une tempête rejette le navire sur les côtes. Une deuxième tentative eut lieu probablement en 1214 ; son projet est de passer par l'Afrique du Nord. Nouvel échec, il tombe malade en Espagne et revient à Assise. Mais en 1219, il est décidé que l'Ordre ira prêcher l'Évangile aux Maures! Rien ne retient plus François : le 24 juin 1219, il a 37 ans, il s'embarque à Ancône. Un mois après, il débarque à Saint-Jean d'Acre, proche de Nazareth.
Or, très vite, il va découvrir que l'urgence n'est pas de convertir les musulmans ; elle est d'abord celle de convertir les croisés, ceux qui se croient chrétiens et qui souvent le sont si peu. Il est malade en effet de ce qu'il voit comme massacres, pillages et viols, lors de la prise de la ville de Damiette.
De retour à Assise, François sait clairement la vérité du verset d'un psaume : "Le salut d'un roi n'est pas dans son armée… illusion que des chevaux (aujourd'hui nous dirions chars, avions et bombes…) pour la victoire ; une armée ne donne pas le salut…" (Ps 32, 17)
Je relis la fin d'un éditorial lumineux de Bruno Frappat dans la "Croix" du 9 septembre 2004 : "Si guerre il y a, comment en sortir ? Par la guerre seule ? Parfois, l'histoire l'a démontré, il n'y a pas d'autres solutions… Mais l'histoire récente présente à la conscience humaine les échecs de la solution "guerre" : Tchétchénie, Irak, Israël, trois tragédies dont on ne voit pas la fin… Chacun à son échelle, Buch, Sharon, Poutine font certainement la guerre à la guerre. Mais il apparaît… que leurs solutions n'en sont pas. Vienne le temps où ils se posent la question du terreau de la terreur. Et des injustices qui en sont, non pas la légitimation, ni même la cause, mais le prétexte".
De quoi rêver de voir quelques présidents faire… pèlerinage à Assise !
@ François GARNIER